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1680 qu’elle n’eût plus envie de l’épouser, et qu’il n’en fût plus aucune question[1] ? C’est justement tout comme. Elle se plaît à faire des actions extraordinaires, et réjouira la noce ; je ne voudrois pas jurer qu’elle n’allât[2] à Malicorne consoler la douleur de Mme de Lavardin. Il n’y a rien qui mérite plus de réflexion que l’état de cette mère, dont la tête est marquée entre les bonnes : voyez par quels sentiments la Providence vient troubler son bonheur[3]. Je vous remercie de lui avoir écrit[4]. Où est donc Montgobert ? Elle vous laisse écrire une grande lettre, où vous ne me dites pas un mot de votre santé, et vous savez ce que c’est pour moi que cet article.

Nous en faisons toujours un de Mme de Vins : c’est une aimable créature[5], j’y pense souvent, elle me témoigne bien de l’amitié, et me parle de vous avec une véritable tendresse. Elle n’est vraiment point un fagot d épines[6] : elle est fort bonne à ses amis[7], et fort sensible

  1. 19. Est-ce une allusion au Cid de Corneille, au rôle de l’Infante qui, « pour éteindre ses feux, » veut, dès le début de la pièce, marier Chimène à Rodrigue,

    Avec impatience attend leur hyménée,

    et, dans la dernière scène, amène le Cid à son amante, à qui elle dit :

    Sèche tes pleurs, Chimène, et reçois sans tristesse
    Ce généreux vainqueur des mains de ta princesse ?

  2. 20. « Elle se plaît à faire des choses extraordinaires, et (et manque dans le texte de 1737) je ne voudrois pas jurer qu’au lieu de se trouver à la noce, elle n’allât, etc. » (Éditions de 1737 et de 1754.)
  3. 21. « Veut troubler son bonheur. » (Ibidem.) — Notre manuscrit s’arrête ici pour reprendre, vers la fin de l’alinéa suivant, à : « Guitaut m’écrit, etc. »
  4. 22. Cette petite phrase n’est pas dans le texte de 1737, qui continue ainsi : « Mais où est donc Montgobert ? »
  5. 23. La fin de la phrase, à partir des mots : « j’y pense, etc., » est donnée pour la première fois dans le texte de 1754.
  6. 24. Voyez tome IV, p 299, et ci-dessus, p. 155, note 9.
  7. 25. « À ses amies. » (Édition de 1754.)