Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/50

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1679 encore se remettre sur la paille ; mais elle a pris Pauline à Valence en passant. Savez-vous le mérite de Pauline ? Pauline est une personne admirable ; elle n’est pas si belle que la Beauté, mais elle a des manières : c’est une petite fille à manger. Elle me mande qu’elle craint de s’y attacher, et qu’elle me la souhaiteroit, sans qu’elle est assurée qu’elle lui couperoit l’herbe sous le pied. Je suis fort aise qu’elle ait cet amusement. Elle me dit qu’elle se porte bien, mais je n’en crois rien du tout, et personne ne m’écrit qu’elle. Montgobert a eu le courage de s’embarquer sur le Rhône avec la fièvre continue. J’estime bien le courage et l’affection de cette fille. Voilà bien parlé[1], Dieu merci, de ce qui me tient au cœur ; cela n’est guère honnête, mon cher Monsieur. Je crains que Mme de Guitaut ne se moque de moi ; elle auroit raison. Je lui fais mille excuses de cette impolitesse, et je l’embrasse de tout mon cœur avec sa permission.

Vous ferez très-bien et très-sagement et très-politiquement de ne rien réveiller[2] de tout ce que vous savez à M. de Caumartin[3] ; je ne m’en soucie point du tout.

J’ai voulu vous parler à cœur ouvert, je l’ai fait, je suis contente ; il me semble que vous aimez assez ma naïveté. Nous avons la bride sur le cou présentement ; car du temps de notre impénétrable ami[4], nous n’eussions jamais osé. Venez, venez dans la chambre de ma fille, nous en dirons bien d’autres. Notre bon abbé vous as-

    sale maison, taudis ; le mot se retrouve dans la lettre du 23 octobre 1680, et au tome VI de Tallemant des Réaux, p. 354.

  1. 2. C’est ainsi que le mot est écrit dans l’autographe.
  2. 3. L’original porte réveiller, et non, comme on l’a imprimé, révéler.
  3. 4. Beau-frère de Mme de Guitaut.
  4. 5. D’Hacqueville ? Il était mort le 31 juillet de l’année précédente.