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tout ce qui n’est point en votre puissance, que la philosophie chrétienne n’en sait pas davantage :

J’en connois de plus misérables[1].

Vous êtes en vérité, et bien aimable, et bien estimable[2], et bien aimée, et bien estimée.


1680

825. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, ce 30e juin.

Ce mois-ci[3] ne m’a pas paru si immense que l’autre : c’est que je n’ai pas vu tant de pays ; je me suis renfermée dans ces bois, où l’imagination n’est pas si dissipée. J’y fais bien des réflexions, et sur le Saint-Esprit, que j’y souhaite sans cesse, plus persuadée que jamais qu’il souffle comme il lui plaît et où il lui plaît, et sur plusieurs autres sujets qui ne trouvent que trop leurs places. Mes pensées sont fort semblables aux vôtres sur le sujet de mon fils[4] ; les sentiments qu’il a, de l’humeur et de l’esprit dont il est, et dans la place où il se trouve, sont aussi difficiles à deviner que ceux de Mme de Lavardin, qui paroît baignée dans l’excès de la joie à tous ceux qui ne la connoissent point : ce sont des jeux de la Providence, qui nous fait connoître en toutes choses la fausseté de nos jugements. Il n’y a point d’agrément que mon fils ne trouvât dans le pays où il est, et je suis per-

  1. 33. Dernier vers du fameux sonnet de Job, par Benserade, dont Mme de Sévigné se fait l’application. (Note de Perrin.)
  2. 34. Dans l’édition de 1737, la lettre finit au mot estimable.
  3. Lettre 825 (revue en grande partie sur une ancienne copie). — 1. Le manuscrit porte : « Ce mois ici. »
  4. 2. « Sur le chapitre de mon fils. » (Éditions de 1737 et de 1754.)