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1680 plus rien à demander à ces Grignans-là : pour l’aîné, c’est une autre affaire ; tant qu’il aura ma fille si loin de moi, j’aurai toujours bien des choses à démêler avec lui. Il me semble que vous devez avoir maintenant Monsieur l’Archevêque, et que vous êtes plus disposée que jamais à jouir de cette bonne et solide compagnie. Vous voilà donc privée de celle de M. Rouillé ; vous le regretterez ; mais ce n’est plus votre affaire, du moment que le lieutenant général cède la place au gouverneur[1]. Je sens présentement le plaisir de voir le Coadjuteur à la tête de cette assemblée[2], avec un nouveau gouverneur et un nouvel intendant ; il y fera des merveilles, et cela me paroît de la dernière importance pour vous. L’étoile est changée, le sort est rompu pour les Grignans, et peut-être pour l’aîné ; ni bonheur, ni malheur, rien n’est de longue durée en ce pays-là ; j’en excepte les prisonniers et les exilés, qui sont hors du commerce.

Mme de Vins m’écrit qu’elle a un plaisir sensible du cercle que nous faisons ; vous lui parlez de moi, elle vous en parle ; je lui parle de vous, elle m’en parle : ainsi nous tournons autour d’elle ; elle me dit cela fort agréablement. Elle est à Pompone, où elle apprend la philosophie de votre père. Le hasard a fait que Corbinelli, par moi[3], leur a donné un homme admirable pour enseigner le droit au fils aîné ; cet homme sait tout, c’est un esprit lumineux, c’est une humeur et des mœurs à souhait : ils sont charmés de cet homme ; c’est lui qui montre à cette belle marquise[4] : elle est bien heureuse

  1. 24. Le duc de Vendôme.
  2. 25. Voyez plus haut, p. 122, note 14, et les lettres des 5 et 17 avril précédents, p. 341 et 357.
  3. 26. Ces deux mots : par moi, ne sont pas dans le texte de 1737.
  4. 27. « … de cet homme ; cette belle marquise en fait son profit. » (Édition de 1754.)