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1680 charge. J’espère qu’il m’en viendra pour cela ; mais, en tous cas, un peu de résignation et un peu de philosophie m’en consoleront bien vite. Cependant je fais des pas du côté du Roi, et quoique cela aille lentement, il fait du chemin[1]. Sur ce que je lui fis dire il y a quelque temps que je ne lui demandois ni grâce ni retour pour moi, mais que je le suppliois, en considération de mes services, de donner quelque chose à mes enfants, il lui répondit qu’il le feroit volontiers aux occasions ; et comme mon ami lui demanda s’il vouloit bien qu’il me dît cela de sa part, il y a un mois que je lui écrivis la lettre dont je vous envoie la copie[2], en lui envoyant en même temps un fragment de mes mémoires, depuis la bataille de Dunkerque jusques à ma prison, qui sont six années. Il y a trouvé son compte, et moi le mien[3]. Je voudrois que vous pussiez lire ces mémoires ; ils vous amuseroient dans votre solitude[4]. Il me paroît que vous vous y ennuyez ; mettez-y ordre, ma chère cousine : occupez-vous fortement, pour éviter

  1. 9. Dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale : « cela fait du chemin ; » à la ligne suivante : « …il y a quelque temps, par le duc de Saint-Aignan, que je ne lui demandois ni retour ni grâce pour moi, etc. ; » quatre lignes plus loin : « …qu’il me dît cela de sa part, il y consentit. Il y a un mois, etc. »
  2. 10. Voyez cette lettre au Roi dans la Correspondance de Bussy, Appendice du tome V, p. 609 et 610 ; dans la première édition (1697), elle se trouve au tome I, p. 373 et 374 ; elle est datée du 21 décembre 1679. C’est sans doute pour pouvoir, sans qu’elle parût trop vieille, la joindre, dans sa copie et dans l’édition qu’il projetait, à cette lettre de 1680, écrite à sa cousine, qu’il a daté celle-ci du mois de janvier.
  3. 11. On lit ici de plus dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale : « Notre ami Corbinelli lit présentement ce manuscrit : il vous en pourra mander son sentiment. »
  4. 12. « Je voudrois que vous le pussiez lire ; il vous amuseroit dans.votre solitude. » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.)