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esprit. Je vous embrasse, le père et la fille, tous deux très-aimables.


1680

822. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, vendredi 21e juin.

Le mauvais temps continue, ma chère fille ; il n’y a d’intervalle que pour nous faire mouiller. On se hasarde sous l’espérance de la Saint-Jean, on prend le moment d’entre deux nuages pour être le repentir du temps[1], qui enfin veut changer de conduite, et l’on se trouve noyés. Cela nous est arrivé deux ou trois fois ; et pour être un peu mieux garantis que par des casaques et des chapeaux, nous allons faire planter au bout de la grande allée, du côté du mail, une petite espèce de vernillonneterie[2], et une autre au bout de l’infinie[3], où l’on pourra se mettre à couvert de tout, et causer, et lire, et jouer : en sorte que[4] ces deux petits parasols ou parapluies seront un agrément et une commodité, et ne nous

  1. Lettre 822. — 1. « Pour le repentir du temps. » (Édition de 1754.)
  2. 2. Dans l’édition de 1737 : « une petite espèce de tente. » Allusion au Vernillon de Fresnes. C’était, selon M. Dubois (Recherches nouvelles sur Mme de Sévigné, Paris, Tecliener, i838, p. 46), un pavillon rustique bâti au bout du parc, près d’un ruisseau qu’on appelait la Vernette. Voyez la fin de la lettre du 31 juillet suivant ; voyez aussi la lettre de du Plessis Guénégaud à Pompone, datée du Verniilon, 12 mars 1666, et la réponse de Pompone, publiées dans les Mémoires de Coulanges, p. 396-402.
  3. 3. Une des principales allées du parc des Rochers.
  4. 4. Les mots en sorte que manquent dans le texte de 1754. Celui de 1737 n’a pas le dernier membre de phrase : « et ne nous coûteront presque rien ; » et termine l’alinéa après : « Voilà les grandes nouvelles de nos bois, » pour reprendre à : « Je rétracte. »