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1680 compagné d’une croix de diamants fort jolie, et d’une tête de mort de corail : il me semble que j’ai vu ce chien de vlsage-là quelque part. Expliquez-moi par quelle raison il est sorti d’où il étoit, et comment il a passé tant de pays pour venir jusques à moi ; en attendant, je ne le dirai pas sans beaucoup rêver ; il attirera encore plus de distractions que les autres : j’attends votre réponse là-dessus.

Savez-vous l’histoire de Mme dé Saint-Pouanges[1] ? On me l’a longtemps cachée, de peur que je ne voulusse pas revenir à Paris en carrosse. Cette petite femme s’en va à Fontainebleau ; car il faut profiter de tout : elle prétend s’y bien divertir ; elle y a une jolie place ; elle est jeune, les plaisirs lui conviennent ; elle a même la joie de partir à six heures du soir avec bien des relais pour arriver à minuit : c’est le bel air. Voici ce qui l’attend :


    Mexique. On fait des chapelets avec les nœuds de cet arbre, autour desquels la résine se rassemble. (Note de l’édition de 1818.) — Ce chapelet était un cadeau de Mme dé Grignan à sa mère. Voyez les lettres du 21 juin et du 3 juillet suivants, p. 473, 474 et 504. — Le texte de 1737 n’a pas les mots de calambour.

  1. 26. Marie, fille de Laurent de Berthemet, maître des comptes, femme de Gilbert Colbert, marquis de Saint-Pouanges, frère puîné du marquis de Villacerf et fils d’une sœur de le Tellier. L’accident que raconte ici Mme de Sévigné était arrivé le 6 juin. Bussy écrit à la marquise de Montjeu, le 8 juin : « Mme de Saintt-Pouanges versa hier dans son carrosse, les glaces levées, qui s’étant cassées, il lui en entra une dans le corps, dont elle est en grand danger de mort. Ce malheur est arrivé par l’ivrognerie de son cocher, qui, ne voyant goutte à cause que le flambeau étoit éteint, voulut passer devant un autre carrosse qui étoit à côté de lui, et pour cela alloit à toute bride. » Le 15 juin il écrit au marquis de Trichâteau : « Mme de Saint-Pouanges n’est pas encore morte, mais elle n’est guère mieux. Son mari s’est signalé par les soins qu’il a pris pour la sauver : il a tiré pour cinq cents pistoles un homme de prison qu’on lui dit être très-habile pour la cure des plaies. Il a fait dire huit cents messes. Il a donné deux cents pistoles aux pauvres pour prier Dieu pour sa femme, et il couche dans sa chambre pour la veiller et pour la faire servir. »