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1680 ne sera plus par la crainte de nuire à personne. Vos jeunes prélats ne sont point du tout soupçonnés de cette hérésie.

Je[1] viens d’écrire au chevalier ; il m’a parfaitement oubliée ; comme il n’est point Grignan sur la paresse, son oubli tire à conséquence. C’est aujourd’hui, ma fille, que l’on commence votre grand bâtiment ; du But fera des merveilles pour presser les ouvriers ; il n’a pas été possible de commencer plus tôt ; il y aura assez de temps. Je vous envoie un billet de Mme de Lavardin, où vous verrez tout ce qu’elle pense. Je serois tentée de vous envoyer une grande lettre de Mme de Mouci, où elle prend plaisir de me conter[2] tout ce qu’elle fait pour cette noce ; elle me choisit plutôt qu’une autre, pour me faire part de sa conduite : elle a raison ; ce second tome est digne d’admiration pour ceux qui ont lu le premier. Elle prend plaisir à combler M. de Lavardin de ses générosités, par l’usage qu’elle fait du souverain pouvoir qu’elle a sur sa mère. Elle fait donner[3] mille louis pour des perles ; elle a fait donner tous les chenets, les plaques, chandeliers, tables et guéridons d’argent qu’on peut souhaiter ; les belles tapisseries, les beaux vieux meubles, tout le beau linge et robes de chambre du marié, qu’elle a choisis. Son cœur se venge par les bienfaits ; car sans elle c’eût été[4] une noce de village ; elle a fait donner des terres considérables ; et pour comble de biens, elle fera qu’ils ne

  1. 4. Cette phrase et la suivante ne se trouvent que dans l’édition de 1754.
  2. 5. « Qui prend plaisir à me conter. » (Édition de 1737.) — Dans notre manuscrit, il y a quelques lignes sautées, et on lit seulement : « Je serois tentée de vous envoyer une grande lettre de Mme de Mouci, où elle prend plaisir à combler M. de Lavardin, etc. »
  3. 6. « Elle a fait donner. » (Éditions de 1737 et de 1754.)
  4. 7. « C’étoit. » (Ibidem.)