1680
817. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.
Vous êtes donc pour l’attention aux histoires, comme je suis pour le chapelet[1] : vous ne savez de quoi traite Justin. La petite de Biais[2] disoit qu’elle avoit vu quelque chose de la conversion de saint Augustin dans la fin de Quinte-Curce ; je vous en pourrois fort bien dire autant[3], et vous ne voulez pas que je dise : « Ma fille a trop d’esprit ; » puisque vous n’en êtes pas plus grasse pour être ignorante, je vous prie[4] de répéter les vieilles leçons de votre père Descartes. Je voudrois que vous puissiez[5] avoir Corbinelli ; il me semble que présentement il vous divertiroit. Pour moi, je trouve les jours d’une longueur excessive, je ne trouve point[6] qu’ils finissent ; sept, huit, neuf heures du soir n’y font rien. Quand il me vient des Madames, je prends vitement mon ouvrage, je ne les trouve pas dignes de mes bois, je les reconduis ;
La dame en croupe et le galant en selle
s’en vont souper, et moi je vais me promener. Je veux penser à Dieu, je pense à vous ; je veux dire mon chapelet, je rêve ; je trouve Pilois, je parle de trois ou quatre
- ↑ Lettre 817 (revue presque en entier sur une ancienne copie), — 1. Voyez la lettre du 12 mai précédent, p. 392 et 393.
- ↑ 2. Voyez tome I, p. 381, note 2, et l’apostille de Charles de Sévigné à la lettre du 15 décembre 1675, tome IV, p. 280.
- ↑ 3. « Vous en pourriez fort bien dire autant. » (Éditions de 1737 et de 1754.)
- ↑ 4. « Je vous conseille. » (Ibidem.)
- ↑ 5. « Que vous pussiez. » (Ibidem.)
- ↑ 6. « Je ne m’aperçois point. » (Ibidem.)