Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/445

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1680 bonne ; que savons-nous ? Je regarde l’avenir comme une obscurité dont il peut arriver bien des clartés à quoi l’on ne s’attend pas.

M. de Lavardin se marie[1], c’est tout de bon ; et on dit que c’est Mme de Mouci[2] qui inspire à Mme de Lavardin tout ce qu’il y a de plus avantageux pour son fils : c’est une âme toute extraordinaire que cette Mouci. Ce petit Molac épouse la sœur de la duchesse de Fontanges[3] : le Roi lui donne la valeur de plus de quatre cent mille francs. Mon Dieu ! que vous me dites bien[4] sur la mort de M. de la Rochefoucauld, et de tous les autres : « On serre les files il n’y paroît plus ! » Il est pourtant vrai que Mme de la Fayette est accablée de tristesse, et n’a point senti, comme elle auroit fait, ce qui est arrivé à son fils[5]. Madame la Dauphine n’avoit garde de ne la pas bien traiter : Madame de Savoie lui en a écrit[6] comme de sa meilleure amie.

Je suis fort aise que M. de Grignan soit content de ma lettre : j’ai dit assez sincèrement ce que je pense ; il

  1. 20. Avec Louise-Anne de Noailles, sœur d’Anne-Jules duc de Noailles, capitaine des gardes du corps, qui devint maréchal de France. (Note de Perrin, 1754.) — Il l’épousa le 12 juin. Voyez la Gazette du 15.
  2. 21. Marie de Harlay, sœur d’Achille de Harlay, alors procureur général, et depuis premier président du parlement de Paris. (Note de Perrin.) — Voyez plus haut, p. 25, note 3.
  3. 22. Voyez tome II, p. 297, la fin de la note 6. Mme de Molac (Catherine-Gasparde de Scorraille Roussille) perdit son mari en 1700, et se remaria en 1709 avec Henri de Chabannes, marquis de Curton, dont elle devint veuve en 1714.
  4. 23. « Que vous dites bien. » (Éditions de 1737 et de 1754.)
  5. 24. Voyez la lettre du 6 mai précédent, p. 382.
  6. 25. « Lui en avoit écrit. » (Éditions de 1737 et de 1754.) — Madame de Savoie paraît avoir eu une correspondance intime avec Mme de la Fayette : voyez les Mémoires de Mademoiselle, tome IV, p. 477. Voyez encore la lettre du 13 décembre précédent, p. 144.