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1680 vous en faut. Toutes mes lettres sont si grandes, que vous devriez, selon votre règle, m’en écrire de petites, et laisser le soin de tout à Montgobert : ma fille, la santé est toujours un solide et véritable bien ; on en fait ce qu’on veut.

Mme de Coulanges me mande qu’elle a reçu de vous une lettre charmante et qu’elle a fait ce que vous souhaitez ; elle mande mille bagatelles[1], que je vous enverrois, si je ne voyois fort bien que c’est une folie. La faveur de son amie[2] continue toujours : la Reine l’accuse de toute la séparation qui est entre elle et Madame la Dauphine ; le Roi l’a consolée[3] de cette disgrâce ; elle va chez lui tous les jours, et les conversations sont d’une longueur à faire rêver tout le monde. Je ne sais, ma très-chère, comme[4] vous pourriez croire que votre présence fût un obstacle à la fortune de vos frères ; vous n’êtes guère propre à porter guignon. Vous n’avez point assez bonne opinion de vous ; et pour le coin de votre feu, que vous dites qui empêchoit peut-être[5] le chevalier de faire sa cour, parce que cela le rendoit paresseux, je vous assure qu’il n’a fait que changer de cheminée, et que la fortune l’est venue chercher dans sa chambre, assez incommodé des chicanes de son rhumatisme. L’abbé de Grignan étoit désolé ; il eût jeté sa part aux chiens ; et tout d’un coup, par une suite d’arrangements trop longs à vous dire, on le nomme, on le choisit, et le voilà dans le plus agréable évêché qu’on puisse souhaiter. Portez-vous toujours bien : cette provision est

  1. 15. Les deux éditions de Perrin donnent simplement : « Mme de Coulanges me mande mille bagatelles. »
  2. 16. Mme de Maintenon.
  3. 17. « La console, » (Éditions de 1737 et de 1754.)
  4. 18. « Comment. » (Édition de 1754.)
  5. 19. Le mot peut-être n’est pas dans l’impression de 1754.