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1680 tion du monde ; et puis tout d’un coup, c’étoient des prisons et des exils[1]. Trouvez-vous que ma fortune ait été fort heureuse ? j’en suis contente[2], et si j’ai des mouvements de murmure, ce n’est pas par rapport à moi.

Vous me peignez fort agréablement la conduite des regards de Mme D ** ; c’est une économie à l’égard de ses amants[3], qui seroit digne d’Armide[4] . Vous vous doutiez bien que M. Rouillé[5] ne retourneroit pas : j’en suis fâchée, et le serois encore plus si je ne croyois vos séjours de Provence finis. Ainsi vous aurez peu d’affaires avec lui ; s’il y avoit quelque chose à démêler dans l’assemblée, Monsieur le Coadjuteur vous en rendroit bon compte, en l’absence de M. de Grignan.


Dimanche 2e juin.

Cette hôtellerie, ma fille, est bien différente de la vôtre ; sous le prétexte d’écrire[6], je n’ai vu que mes bois. Ce pays est dans une misère incroyable, malgré sa belle réputation. Celle de M. de la Reynie est abominable ; ce que vous dites est parfaitement bien dit : sa vie justifie qu’il n’y a point d’empoisonneurs[7] en France. On dit que notre pauvre frère n’est pas du tout si blanc qu’un

  1. 39. Mme de Sévigné entend parler sans doute de l’exil de M. de Bussy, chef de sa maison, et de la prison de M. Foucquet, son intime ami. (Note de Perrin, 1754.)
  2. 40. « Je ne laisse pas d’en être contente. » (Édition de 1754.)
  3. 41. « Envers ses amants. » (Ibidem.)
  4. 42. Le texte de 1737 n’a pas ce qui suit jusqu’à la fin de l’alinéa. Quant à notre manuscrit, il ne donne rien de ce paragraphe.
  5. 43. Intendant de Provence. Voyez plus haut, p. 378, note 6.
  6. 44. « Sous prétexte d’écrire. » (Édition de 1754.) Cette phrase, ainsi que la date dimanche, 2e juin, manquent dans notre manuscrit, mais il donne seul la suite, jusqu’à : « J’ai lu cette Réunion, etc. »
  7. 45. Notre manuscrit, par une erreur du copiste, porte : d’emprisonneurs.