d’hui ils m’ont donné un si magnifique repas en maigre, à cause des Rogations, que le moindre poisson paroissoit la señora ballena[1]. J’ai été de là dire adieu à mes pauvres sœurs[2], que j’aime et que je laisse avec un très-bon livre[3]. J’ai pris congé de la belle prairie[4]. Mon Agnès pleure quasi mon départ ; moi, ma bonne, je ne le pleure point ; et suis ravie de m’en aller dans mes bois ; j’en trouverai au moins[5] aux Rochers qui ne sont point abattus. Voilà, ma bonne, toutes les inutilités que je puis vous mander aujourd’hui.
1680
815. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME ET À MONSIEUR DE GRIGNAN.
Quoique cette lettre ne parte que dimanche, je veux la commencer aujourd’hui, afin de dater encore du mois de mai : je crains que celui de juin ne me paroisse pas moins long[7] ; je suis assurée au moins de ne pas voir
- ↑ 16. En espagnol « dame baleine. » Notre manuscrit porte la seignora balena. — En 1680, l’Ascension tombait au 30 mai et le lundi des Rogations au 27.
- ↑ 17. De Sainte-Marie.
- ↑ 18. Le traité de la Fréquente communion. — Ce membre de phrase n’est pas dans le texte de 1737 ; dans celui de 1754, on lit seulement : « que je laisse avec un très-bon livre. »
- ↑ 19. La prairie de Mauves, près du cours Saint-Pierre, à Nantes, sur le bord de la Loire. (Note de l’édition de 1818.)
- ↑ 20. « J’espère au moins en trouver. » (Édition de 1754.)
- ↑ Lettre 815 (revue en partie sur une ancienne copie). — 1. Au lieu de vendredi 31e, il y a dans notre manuscrit : ce dernier.
- ↑ 2. « Ne me paroisse encore aussi long. » (Édition de 1754.)