Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/430

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1680 vieux fleuve comme votre Ragusse[1] ; point du tout : c’est un jeune homme de vingt-sept ans, neveu de M. d’Harouys ; un petit de la Bunelaye fort joli, qui a été élevé avec le petit de la Silleraye[2], que j’ai vu mille fois, sans jamais imaginer que ce pût être un magistrat ; cependant il l’est devenu[3] par son crédit, et moyennant quarante mille francs, il a acheté toute l’expérience nécessaire pour être à la tête d’une compagnie souveraine, qui est la chambre des comptes de Nantes ; il a de plus épousé une fille que je connois fort, que j’ai vue cinq semaines[4] tous les jours aux états de Vitré ; de sorte que ce premier président et cette première présidente sont pour moi un petit jeune garçon[5] que je ne puis respecter, et une jeune petite demoiselle que je ne puis honorer. Ils sont revenus pour me voir[6] de la campagne, où ils étaient ; ils ne me quittent point. D’un autre côté, M. de Nointel me vint voir samedi en arrivant de Brest : cette civilité m’obligea d’aller le lendemain chez sa sotte femme[7] ; elle me rendit ma visite dès le soir ; et aujour-

  1. 9. C’était un membre du parlement d’Aix. (Note de l’édition des Lettres inédites de 1827.) I ! a déjà été nommé plus haut, tome III, p. 384. Dans notre manuscrit, il y a Ragouse, au lieu de Ragusse. — Est-ce lui, l’un des présidents au parlement de Provence, dont en 1663 une note secrète adressée à Colbert parlait ainsi : « De Grimaud, sieur de Raguze, assez entendu aux affaires ordinaires de la justice ; il est à présent raccommodé avec le premier président (d’Oppède), dont il étoit ennemi juré ; il a été homme de toutes sortes de traités et de partis. » (Correspondance administrative sous Louis XIV, tome II, p. 94.)
  2. 10. Fils de M. d’Harouïs. (Note de Perrin.)
  3. 11. Dans notre manuscrit : « il est devenu. »
  4. 12. « Pendant cinq semaines. » (Édition de 1754.)
  5. 13. « De sorte que le mari et la femme sont pour moi un jeune petit garçon, etc. » (Ibidem.)
  6. 14. « Pour moi. » (Ibidem.)
  7. 15. « Chez sa femme. » (Éditions de 1737 et de 1754.) Voyez la lettre du 25 mai précédent, p. 414 et 4i5, et la note 21.