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1680 simple que je pensois ; elle a plus que le desir d’apprendre, elle sait, comme vous disiez[1] de Marie à Grignan : elle se doute[2] de ce qu’on lui veut dire ; elle est aimable. Le jésuite qui la gouverne[3] la fait communier deux fois la semaine : bon Dieu ! quelle profanation ! elle est de tous les plaisirs quand elle peut en être, et du moins elle le desire toujours : « Je le voudrois, du moins, mon père[4] ; » et c’est assez pour n’être pas dans un usage si familier. Elle a lu tout ce qu’elle a pu attraper de romans, avec tout le goût que donne[5] la difficulté et le plaisir de tromper. Vraiment, si je vouîois mettre une fille sur le rempart[6], je ne lui souhaiterois qu’une mère et un confesseur comme elle en a. Ma bonne, je vous parle de Nantes, en attendant les lettres de Paris. Il y a ici une espèce d’intendante, qui ne l’est point pourtant ; c’est Mme de Nointel[7]. Elle est fille de Mme de

  1. 15. « Elle sait assez de choses ; c’est comme vous disiez, etc. » (Édition de 1754.)
  2. 16. Notre manuscrit porte : « elle ne se doute. »
  3. 17. « Le confesseur qui la gouverne. » (Édition de 1754.) — Dans notre manuscrit, il y a : « les jésuites qui la gouvernent, » mais le verbe suivant, fait, a été laissé an singulier.
  4. 18. Ces mots : « Je le voudrois, du moins, mon père, » manquent dans le texte de 1754.
  5. 19. « Que donnent. » (Édition de 1754.)
  6. 20. « Si je voulois rendre une fille galante. » (Ibidem.)
  7. 21. Madeleine-Hyacinthe, seconde fille de Bénigne le Ragois, sieur de Bretonvilliers (fils d’un secrétaire du Roi enrichi dans les partis, président à la chambre des comptes de 1657 à 1671, mort en janvier 1700), et de Claude-Elisabeth Perrot. Elle était sœur de Mme Hervart (l’amie de la Fontaine) et avait épousé Louis Béchameil, marquis de Nointel, qui fut intendant en Bretagne (voyez Saint-Simon, tome IV, p. 118) et mourut en ï718 ; veuve en 1704, elle mourut en janvier 1737. Voyez sur les Bretonvilliers et leur célèbre hôtel, et sur Nointel, Tallemant des Réaux avec le commentaire de M. P. Paris, tome VI, p. 511 et suivantes, et la Correspondance de Bussy, tomes III, p. 50 et 52 ; V, p. 39, 612 et suivantes.