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Payez-moi tous ces soins, ma fille ; vous en savez le moyen. Mon fils m’écrit à tout moment : il fait très-bien aux états ; il se fait considérer. Je crains seulement qu’il ne soit un peu trop bon Breton. Il me parle de vous avec une tendresse extrême : je suis conciliante, et je lui dis que vous êtes son pigeon, et que vous l’aimez. Je dirai bien aussi toutes mes jolies sottises à votre Mme de Chatbriilant[1] : fiez-vous à moi[2]. Mon Dieu, que j’embrasse de bon cœur Mlles de Grignan ! N’ont-elles point bien des choses à me dire ? M. de Grignan tue-t-il bien ses perdrix ? M’aime-t-il toujours ? A-t-il soin de vous comme il me l’a promis ? Ma chère enfant, je suis toute à vous ; si je n’étois pas toute seule, mes lettres seroient plus courtes ; ne prenez pas ce mauvais exemple : c’est que je ne sais que faire.


1679

739. DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Livry, vendredi 6e octobre.

Hélas ! ma fille, vous avez trouvé le vent contraire ; je n’en suis guère surprise ; vous êtes assez destinée à ce malheur[3], soit sur le Rhône, ou sur la terre. C’est en vérité, ma très-chère, un grand chagrin en quelque endroit que ce soit, et je comprends fort aisément l’embarras où

  1. 18. C’est la leçon de 1734. Le texte de 1754 donne seulement « Mme de Chat… »
  2. 19. Voici quelle est, à partir d’ici, la fin de la lettre dans l’impression de 1754 : « Adieu, ma très-belle : je vous embrasse de bien bon cœur ; si je n’étois pas seule, mes lettres seroient plus courtes ; ne prenez pas ce mauvais exemple : c’est que je n’ai rien à faire. »
  3. Lettre 739. — 1. « Vous y êtes assez sujette. » (Édition de 1754.)