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1680 ment, et cela demeure entre nous ; et c’est que l’on cause sur cela, comme on fait avec Mme de la Fayette de sa santé, qui avoue franchement[1] qu’elle ne songe qu’à se rendre bête, et ôter de son esprit[2] autant de pensées que l’on tâche ordinairement d’y en mettre : elle ne dispute point que son esprit ne lui fasse du mal, ainsi que toute sorte d’application ; elle s’exempte de tout : je vous souhaiteroîs[3] sur cela comme elle.

L’affaire de M. de Luxembourg s’est, comme vous voyez, assez bien tournée. On vous envoie son intendant[4] à Marseille ; ce sera une chose bien nouvelle pour lui[5] que l’habit dégingandé de galérien, après avoir passé sa vie sous un chapeau de castor, avec le manteau noir sur les deux épaules[6] : enfin il est condamné ; il a justifié son maître ; il a fait amende honorable : tout ce

    prit : ah ! vraiment, je ne dis point de ces fadaises-là. » (Édition de 1754.)

  1. 30. « Elle avoue tout franchement. » (Ibidem.)
  2. 31. « En ôtant de son esprit. » (Ibidem.)
  3. 32. « Elle ne dispute point que sa tête ne lui fasse du mal, et toute sorte d’application lui est interdite : je vous souhaiterois, etc. » (Édition de 1737.)
  4. 33. Pierre Bonnard fut condamné aux galères perpétuelles, pour maléfice et impiété, par arrêt du 8 mai 1680 ; François Botot, clerc de Bonnard, fut condamné aussi le même jour à neuf ans de galères. Desormeaux assure que le duc de Luxembourg ne lui donna jamais le titre d’intendant de sa maison. On voit dans l’Histoire de Montmorency, d’accord en ce point avec les interrogatoires de Bonnard, que cet homme, ayant égaré des papiers qu’il importait au maréchal de recouvrer, eut recours aux moyens de sorcellerie que le Sage lui offrit pour parvenir à les retrouver ; mais que ce dernier exigea qu’il lui apportât un pouvoir signé du maréchal. Il paraîtrait que M. de Luxembourg signa cette pièce sans s’en apercevoir, et que l’on aurait fait reposer tout le procès sur cette signature. (Note de l’édition de 1818.)
  5. 34. « Pour ce dernier. » (Édition de 1737.)
  6. 35. « Sur les épaules. » (Édition de 1754.) — Dans cette édition, la suite est disposée ainsi : « enfin il est condamné ; il a fait amende honorable, mais il a justifié son maître. »