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1680 qu’à Paris. Donnez à tout cela, ma fille, quelques moments des réflexions dont vous vous creusez la tête dans votre cabinet : je vous recommande à vous-même dans cette retraite. Vos rêveries ne sont jamais agréables : vous vous les imprimez plus fortement qu’une autre ; vous savez l’effet de ces épuisements, et le besoin que vous auriez[1] d’être quelquefois spensierata[2] ; rien n’est si sain aux personnes délicates, et vos lectures même sont trop épaisses : vous vous ennuyez des histoires et de tout ce qui n’applique point ; c’est un malheur d’être si solide et d’avoir tant d’esprit, on ne s’en porte pas mieux. Ma santé me fait honte, et il y a quelque chose de sot à se porter aussi bien que je fais : ma santé est encore[3] au delà de la médiocrité de mon esprit. Je trouve quelquefois que je mériterais au moins quelque légère incommodité ; je voudrois, pour votre soulagement et pour mon honneur, avoir quelques-unes des vôtres : quand je pense à tant de maux[4], je vous assure, ma chère enfant, que je suis étonnée que la bonté de mon tempérament puisse soutenir l’inquiétude que j’en ai. Je ne vous ai point assez dit comme j’aime Pauline, et combien[5] je la trouve jolie, aimable, vive et naturelle : ce seroit grand dommage, si elle se gâtoit[6] ; et je vous conseillerois de ne la point séparer de vous. Il me semble que le Marquis ne m’aime plus.

  1. 18. « Que vous avez. » (Édition de 1754.)
  2. 19. « Sans penser, nonchalante. » Voyez tome IV, p. 445.
  3. 20. « Cela est encore. » (Édition de 1754.)
  4. 21. « …avoir quelques-uns de vos maux : quand j’y pense, je vous assure, etc. » (Ibidem.)
  5. 22. « Ni combien. » (Ibidem.)
  6. 23. Ce membre de phrase : « ce seroit grand dommage, etc., » ne se trouve que dans l’édition de 17S4, qui donne, à la même ligne, je vous conseille, au lieu de je vous conseillerois.