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vous guérît aussi. Nous avons très-bien jugé du prieur de Cabrières : c’est le médecin forcé[1]. Cependant Mme de Coulanges me mande qu’en faisant ses fagots, il a guéri Mme de Fontanges, qui est revenue à la cour, où elle reçut d’abord publiquement une fort belle visite. Le Roi veut que ce prieur s’établisse à Paris : il n’ira chez lui que pour revenir. La comparaison de Carthage et de votre chambre est tout à fait juste et belle[2] ; elle saute aux yeux : j’aime ces sortes de folies. Croiriez-vous que je suis enfermée aujourd’hui pour écrire, et que j’ai refusé rudement toutes les Madames ? J’avois à faire réponse à M. de Grignan, à achever cette lettre, sans compter mille billets à toutes mes amies qui m’ont écrit. Adieu : je vous en dirai davantage samedi. Mandez-moi si votre voyage ne vous a point fait de mal ; nous avons fait le nôtre sans la moindre incommodité.


1680

810. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Nantes, vendredi 17e mai.

Je vous assure, ma fille, qu’il m’ennuie ici : M. de Molac, ni les Madames qui me font tant d’honnêtetés, ne me consolent point de n’être pas dans mes bois ; car je ne pense pas encore à Paris. Ce. sont donc les Rochers que je respire, c’est mon Rochecourbières[3], c’est d’être dans

  1. 20. Voyez le Médecin malgré lui, et tome IV, p. 192, note 7.
  2. 21. Voyez la note 7 de la lettre suivante, p.400.
  3. Lettre 810. — 1. Grotte fort agréable où l’on alloit se reposer dans les parties de promenades qu’on faisoit à Grignan (Note de Perrin, 1754.) — Elle est située à un demi-quart de lieue de la ville ; on y