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1680 n’arrivent qu’aujourd’hui à Paris ; du But y joindra celles de samedi, et j’aurai les deux paquets ensemble à Nantes : je n’ai point voulu les hasarder par une route incertaine, puisqu’elle dépend du vent ; vous croyez donc bien que j’aurai quelque impatience d’arriver à Nantes.

Adieu, mon enfant : que puis-je vous dire[1] ? Vous avez des résidents qui vous doivent instruire ; je ne suis plus bonne à rien qu’à vous aimer, sans pouvoir faire nul usage de cette bonne qualité : cela est triste pour une personne aussi vive que moi. Le bon abbé[2] vous assure de ses services ; je suis fort occupée du soin de le conserver : les voyages ne sont plus pour lui comme autrefois. Je vous embrasse de tout mon cœur. Votre frère veut discourir.


de charles de sévigné.

Puisque vous savez que je suis ici, ma belle petite sœur, je n’ai quasi plus rien à dire pour discourir, si ce n’est que pour me rendre nécessaire, j’ai voulu me mêler de faire le marché du bateau, et que dès qu’il a été conclu, mon oncle, d’une seule parole, l’a eu à une pistole meilleur marché que moi ; cela donnera sujet à ma mère de faire des réflexions sur l’amendement que les années apportent à ma pauvre cervelle : en vérité, elles ne servent de guère ; tout ce que je puis penser de bon est toujours inutile et demeure sans effet, et j’ai toujours la grâce efficace pour tout ce qui ne vaut pas grand’chose. J’ai une douleur mortelle de voir ma mère aller en Bretagne sans moi ; ce qui me console, c’est que vous n’êtes

    Nantes, et vous croyez bien que j’aurai quelque impatience d’y arriver. » (Édition de 1737.)

  1. 8. « Que puis-je vous dire d’ici ? » (Édition de 1754.)
  2. 9. « Mon bien Bon. » (Ibidem.)