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Le petit de la Fayette a un régiment[1], vous voyez que M. de la Rochefoucauld n’a pas emporté l’amitié de M. de Louvois. Mais que veux-je conter, avec toutes ces nouvelles ? C’est bien à moi, qui monte en carrosse, à me mêler de parler.

Adieu, ma très-chère enfant : il faut vous quitter encore ; j’en suis affligée : je serai longtemps sans avoir de vos lettres ; c’est une peine incroyable ; encore[2] si je pouvois espérer que vous conserverez votre santé, ce seroit une grande consolation dans une si terrible absence.


1680

806. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET DE CHARLES DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Orléans, mercredi 8e mai.

de madame de sévigné.

Nous voici arrivés, ma très-chère, sans aucune aventure considérable : il fait le plus beau temps du monde, les chemins sont admirables ; notre équipage va bien ; mon fils m’a prêté ses chevaux, et m’est venu conduire jusqu’ici. Il a fort égayé la tristesse du voyage : nous avons causé, disputé et lu ; nous sommes dans les mêmes

  1. 30. Le régiment de la Fére, que possédait auparavant le marquis de Créquy, à qui le Roi venait de donner le régiment royal d’infanterie, vacant depuis peu par la mort de Pierrefitte. Le Mercure, en annonçant cette nomination (p. 233-236), dit que le comte de la Fayette, quoique fort jeune, a déjà fait beaucoup de campagnes et s’est distingué en diverses occasions. Puis, parlant de la mère du nouveau commandant, il ajoute : « que tout le monde convient de la délicatesse de son esprit, et qu’il n’y eut jamais rien de plus général que l’estime qu’on a pour elle. »
  2. 31. « Du moins. » (Édition de 1754.)