Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/386

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1680 ger[1] ; c’est la joie de toute votre maison. Mlle du Plessis[2] ne m’en fera point souvenir ; ne vous ai-je pas dit qu’elle est affligée de la mort de sa mère ? Mais j’ai de bons livres et de bonnes pensées. Ne craignez point que j’écrive trop : je vous ai donné l’idée de la délicatesse de ma poitrine[3] . Je vous recommande la vôtre ; faites-moi écrire, si vous aimez ma vie ; profitez du temps et du repos que vous avez ; amusez-vous à vous guérir tout à fait ; mais il faut que vous le vouliez, et c’est une étrange pièce que notre volonté. Celle de vos musiciens étoit bonne à Ténèbres ; mais vous les décriez : tantôt des musiciens sans musique, et puis une musique sans musiciens ; j’admire la bonté de Monsieur le Comte, de souffrir que vous en parliez si librement.

Je viens de recevoir une grande visite de votre intendant : sa serrure étoit bien brouillée[4], mais je n’ai pas laissé d’attraper qu’il vous honore fort : il m’a loué votre magnificence ; il dit que vous êtes toujours belle, mais triste, et si abattue qu’il est aisé de voir que vous vous contraignez. Il est charmé de M. de Berbisy ; je lui écrirai[5], quoique je sache bien que votre recommandation est la seule cause des services qu’il lui a rendus. Je doute que cet intendant retourne en Provence[6] ; à tout hasard

  1. 19. « Faites-m’en parler ; c’est une petite fille charmante. » (Édition de 1754.)
  2. 20. Mlle du Plessis d’Argentré. Voyez tome II, p. 229 et la note 3.
  3. 21. Voyez la fin de la lettre du 1er mai précédent, p. 372. — Cette phrase manque dans le texte de 1737, qui commence ainsi la suivante : « Je vous recommande toujours, ma fille, de profiter du temps et du repos que vous avez ; amusez-vous, etc. »
  4. 22. Voyez la lettre du 18 mai 1680 au comte de Guitaut, p. 407.
  5. 23. « Que je remercierai. » (Édition de 1754.)
  6. 24. Il n’y retourna point : nous voyons dans le compte rendu de l’assemblée de Provence que le nouvel intendant fut de Moran ou Morant, conseiller du Roi, etc. (le même qui en 1687 fut nommé premier président à Toulouse).