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1680 Il est en vérité fort plaisant et fort bien fait[1] : vous avez cru que je le recevrois dans mes bois ; je suis encore dans Paris, mais il n’en fera pas plus de bruit : je le chanterai sur la Loire, si je puis desserrer mon gosier, qui n’est pas présentement en état de chanter, hélas ! J’ai grand besoin[2] de vous tous ; je ne connois plus la musique ni les plaisirs[3] ; j’ai beau frapper du pied, rien ne sort qu’une vie triste et unie, tantôt à ce triste faubourg[4] tantôt avec les sages veuves. M. de Grignan m’est bien nécessaire, car j’ai un coin de folie qui n’est pas encore bien mort[5].

Je vous ai parlé de la princesse de Tarente, comme si j’avois reçu votre lettre : je vous ai conté le mariage de sa fille[6] ; écrivez-lui, elle en sera fort aise ; vous lui devez cette honnêteté : elle s’est fait un point[7] de vous estimer et de vous admirer ; elle vient à Vitré ; elle me fera sortir de ma simplicité, pour me faire entrer dans son amplification. Je n’ai jamais vu un si plaisant style ; elle amusa le Roi l’autre jour dans une promenade, en lui contant tout ce que je vous conterai quand je serai aux Rochers : voilà les nouvelles que vous recevrez de moi ; mais aussi vous pourrez vous vanter qu’il ne se passera rien dans l’Allemagne et dans le Danemark[8] dont vous ne soyez parfaitement instruite.

Montgobert m’a mandé des merveilles de Pauline ; faites-m’en parler quelquefois c’est une petite fille à man-

  1. 11. « Il est en vérité fort plaisant ce couplet. » (Édition de 1754.)
  2. 12. « …en état de chanter. Je vous avouerai que j’ai grand besoin, etc. » (Ibidem.)
  3. 13. « Ni la musique ni les plaisirs. » (Ibidem.)
  4. 14. « À ce faubourg. » (Ibidem.)
  5. 15. « Qui n’est pas encore mort. » (Ibidem.)
  6. 16. Voyez la fin de la lettre précédente, p. 375.
  7. 17. « Elle s’est toujours piquée. » (Édition de 1754.)
  8. 18. « En Allemagne ni en Danemark. » (Ibidem.)