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1680

À propos[1], la princesse de la Trémouille épouse un comte d'Ochtensilbourg[2], qui est le plus riche6 et le plus honnête homme du monde : vous connoissez ce nom-là ; sa naissance est un peu équivoque ; sa mère étoit de la main gauche ; toute l’Allemagne soupire de l’outrage qu’on fait à l’écusson de la bonne Tarente[3] ; mais le Roi lui parla l’autre jour si agréablement[4] sur cette affaire, et son neveu, le roi de Danemark, et même l’amour lui font de si pressantes sollicitations, qu’elle s’est rendue[5]. Elle vint me conter tout cela l’autre jour. Voilà une belle occasion de lui écrire, et de réparer vos fautes passées. N’êtes-vous pas bien aise de savoir ce détail ? songez que c’est le plus charmant que vous puissiez avoir de moi d’ici à la Toussaint.

Je vous écrirai encore de Paris, et je ne vous dis point adieu aujourd’hui. Corbinelli vous rend mille grâces de

  1. 4. Ces deux mots manquent dans le texte de 1737, qui, comme nous l’avons dit, donne cet alinéa dans la lettre du 19 avril.
  2. 5. Charlotte-Émilie-Henriette de la Trémouille (voyez tome IV, p. 155, note 4) épousa, le 29 mai 1680, Antoine, comte d’Altenbourg, fils naturel du dernier comte d’Oldenbourg, et d’Élisabeth, fille d’André seigneur de Sonneck. L’Empereur lui donna en 1654 le titre de comte, avec séance à la diète de Ratisbonne. Son père lui avait laissé le domaine de Kniphausen et le château de Varel. Il fut commandant général pour le roi de Danemark dans le comté d’Oldenbourg, et plénipotentiaire à Nimègue. Il mourut le 27 octobre 1680. Avant son mariage avec Mlle de la Trémouille, il avait eu cinq filles d’une première femme, Auguste, fille de Jean comte de Sayn à Witgenstein, morte en 1669. Il laissa de sa seconde femme un fils posthume, Antoine, comte d’Altenbourg, né le 27 juin 1681. — Sur ce nom d'Ochtensilbourg, voyez plus loin, p. 4346. « Très-riche. » (Édition de 1754.)
  3. 7. « De la princesse de Tarente. » (Édition de 1737.)
  4. 8. « Si délicieusement. » (Ibidem.)
  5. 9. L’impression de 1737 n’a de la fin de l’alinéa que la petite phrase : « N’êtes-vous pas bien aise de savoir ce détail ? »