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1680 vôtres sont bonnes : je le souhaite passionnément[1] ; mais ne croyez pas que ce fût une belle invention pour me tirer de peine, que de me dire[2] toujours que vous vous portez bien : il faut la vérité pour me contenter ; je la sens de fort loin, et si vous pensiez toujours m’expédier en me mandant[3] des merveilles de votre santé, je n’aurois pas un seul moment de repos. Voilà comme je suis, ma très-chère ; ainsi je me recommande à la sincérité de Montgobert. Pour moi, je vous ai dit la vérité, quand je vous ai assurée que je n’avois eu aucun ressentiment de néphrétique ; je crois en être quitte pour jamais : c’est ce qui fait que j’honore les remèdes qu’on appelle usuels. Monsieur le procureur général[4] me détermina à cette eau de lin : son père est mort de la gravelle ; il en a une telle peur, qu’il s’est dévoué à cette eau ; il en boit en tout temps, et croit être en sûreté : comme le mien n’est pas mort de ce mal, je me contente d’en boire les matins.

Parlons d’autre chose[5] : je me ressouviens de ce que nous faisions ensemble l’année passée en ce temps-ci[6] ; j’admire comme le temps passe au travers des peines, des craintes, des inquiétudes : voilà le huitième mois de votre départ ; je prie Dieu, ma fille, que nous puissions bientôt nous retrouver ensemble ; il ne tiendra pas à votre appartement ; il sera[7], je vous assure, fort joli et fort commode : nous sommes si persuadés que vous ap-

  1. 4. Ce membre de phrase manque dans le texte de 1737.
  2. 5. « Que de me mander. » (Édition de 1754.)
  3. 6. « En me disant. » (Ibidem.)
  4. 7. Achille de Harlay.
  5. 8. L’édition de 1754 place ici, en les intervertissant, deux membres de phrase que celle de 1737 donne à la fin de l’alinéa suivant : « Vous savez la vie, etc., » et : « Je passai hier le jour, etc. »
  6. 9. Les mots en ce temps-ci manquent dans le texte de 1754.
  7. 10. « Qui sera. » (Édition de 1754.)