1680 point de presse. Elle tient son cercle depuis huit heures du soir jusqu’à neuf et demie : tout le reste est particulier, elle est dans ses cabinets avec ses dames ; la princesse de Conti y est presque toujours ; elle a grand besoin de cet exemple pour se former : elle est enfant au delà de ce qu’on peut imaginer, et Madame la Dauphine est une merveille d’esprit[1], de raison et de bonne éducation. Elle parle fort souvent de sa mère avec beaucoup de tendresse, et dit qu’elle lui doit tout son bonheur, par le soin qu’elle a eu de la-bien élever[2] ; elle apprend à chanter, à danser, elle lit, elle travaille : enfin c’est une personne[3]. Il est vrai que j’ai eu la curiosité de la voir ; j’y fus donc avec Mme de Chaulnes et Mme de Karman : elle étoit à sa toilette, elle parloit italien avec M. de Nevers. On nous présenta ; elle nous fit un air honnête, et l’on voit bien que si on trouvoit une occasion de dire un mot à propos, elle entreroit bien aisément[4] en conversation : elle aime l’italien, les vers, les livres nouveaux, la musique, la danse ; vous voyez bien qu’on ne seroit pas longtemps muette avec tant de choses, dont il est aisé de parler ; mais il faudroit du temps. Elle s’en alloit à la messe, et même Mme de Richelieu et Mme de Maintenon n’étoient pas dans sa chambre. Enfin c’est un pays[5] qui n’est point pour moi ; je ne suis point
- ↑ 3. « Elle est dans ses cabinets avec ses dames ; c’est en vérité une merveille d’esprit, etc. » (Édition de 1737.) — « Elle est dans ses cabinets avec ses dames ; la princesse de Conti y est presque toujours ; comme elle est encore enfant, elle a grand besoin de cet exemple pour se former. Madame la Dauphine est une merveille d’esprit, etc. » (Édition de 1754.)
- ↑ 4. « Qu’elle doit tout son bonheur au soin qu’elle a eu de la bien élever. » (Édition de 1737.)
- ↑ 5. « C’est une personne enfin. » (Édition de 1754.)
- ↑ 6. « Fort aisément. » (Ibidem.)
- ↑ 7. « La cour, ma chère enfant, est un pays, etc. » (Ibidem.)
