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1680 les peines qui sont attachées à la tendresse que j’ai pour vous, étant offertes à Dieu, font la pénitence d’un attachement qui ne devroit être que pour lui.

Mon fils vient d’arriver de Douai, où il commandoit la gendarmerie à son tour[1] pendant le mois de mars. M. de Pompone a passé le jour ici ; il vous aime, et vous honore, et vous estime parfaitement. Ma résidence pour vous auprès de Mme de Vins me fait être assez souvent avec elle, et en vérité on ne peut être mieux. La pauvre Mme de la Fayette ne sait plus que faire d’elle-même ; la perte de M. de la Rochefoucauld fait un si terrible vide dans sa vie, qu’elle en comprend mieux le prix d’un si agréable commerce : tout le monde se consolera, hormis elle, parce qu’elle n’a plus d’occupation, et que tous les autres reprennent leur place. Mlle de Scudéry est très-affligée de la mort de M. Foucquet ; enfin voilà cette vie qu’on a eu tant de peine à conserver[2]  : il y auroit beaucoup à dire là-dessus ; son mal[3] a été des convulsions et des maux de cœur sans pouvoir vomir. Je m’attends au chevalier pour toutes les nouvelles, et surtout pour celles de Madame la Dauphine, dont la cour est telle que vous l’imaginez[4] : le Roi y est fort souvent, cela écarte un peu la presse.

Adieu, ma très-chère et très-aimable : je suis plus à vous que je ne puis vous le dire mille fois[5].

  1. 15. Les mots à son tour manquent dans le texte de 1754.
  2. 16. « Qui a tant donné de peine à conserver. » (Édition de 1754.)
  3. 17. « Sa maladie. » (Ibidem.)
  4. 18. Le texte de 17S4 ajoute ici : « vos pensées sont très-justes. »
  5. 19. « Je suis plus à vous mille fols que je ne puis vous le dire. » ̃(Édition de 1754.)