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1680 faire, mon père le prit, sans autre mystère, pour nommer sa fille, de sorte que c’étoit mon parrain. J’ai extrêmement connu toute cette famille : je trouve le petit-fils fort joli, mais fort joli ; vous avez bien fait de ne lui point parler de votre frère : c’est un petit libertin qui diroit comme le loup[1]. Je n’ai parlé de cette affaire qu’à ceux à qui mon fils en a parlé lui-même, pour tâcher de trouver des marchands.

Je vous crois présentement à Grignan. Je vois avec peine l’agitation de vos adieux, au sortir de votre solitude, qui vous a paru si courte ; je vois un voyage à Arles, autre mouvement ; et le voyage jusqu’à Grignan, où vous aurez peut être trouvé une bise pour vous recevoir : ma fille, ce n’est pas sans inquiétude que l’on imagine toutes ces choses pour une personne aussi délicate que vous[2]. Vous m’avez envoyé une relation d’Anfossy[3] qui vaut mieux que toutes les miennes : je ne m’étonne pas si vous ne pouvez vous résoudre à vendre une terre où il se trouve de si jolies Bohémiennes ; jamais il ne s’est vu une si agréable et si nouvelle réception[4]. Je vous trouve si pleine de réflexions, si stoïcienne, si méprisante les choses de ce monde, et la vie même, que vous ne pouvez rien approuver dans cette

  1. 7. Ce membre de phrase ne se trouve que dans le texte de 1787. — Voyez ci-dessus, p. 290 et la note 10.
  2. 8. « Je vois avec peine l’agitation de vos adieux ; je vois, au sortir de votre solitude, qui vous a paru si courte, un voyage à Arles, autre mouvement ; et je vois le voyage jusqu’à Grignan, où vous aurez peut-être trouvé une bise pour vous recevoir dans l’état où vous êtes : ah ! ce n’est point sans inquiétude pour une personne aussi délicate que vous, qu’on se représente toutes ces choses. » (Édition de 1754.)8. « Je vois avec peine l’agitation de vos adieux ; je vois, au sortir de votre solitude, qui vous a paru si courte, un voyage à Arles, autre mouvement ; et je vois le voyage jusqu’à Grignan, où vous aurez peut-être trouvé une bise pour vous recevoir dans l’état où vous êtes : ah ! ce n’est point sans inquiétude pour une personne aussi délicate que vous, qu’on se représente toutes ces choses. » (Édition de 1754.)
  3. 9. Secrétaire du comte de Grignan. Voyez tome V, p. 393, note 2, et p. 440.
  4. 10. « Il n’y eut jamais une plus agréable et plus nouvelle réception. » (Édition de 1754.)