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1680 sens vos brasiers, vos pesanteurs, votre point. Cet intervalle si doux est passé, et ce n’étoit pas une guérison. Vous dites vous-même que

Une flamme mal éteinte
Est facile à rallumer[1]

Ces remèdes que vous mettez dans votre cassette, comme très-sûrs dans le besoin, devroient bien être employés présentement[2] ; et si vous aviez pour moi une véritable amitié, vous m’en donneriez de charmantes marques en vous occupant à vous guérir.

J’ai vu le petit Beaumont[3] : vous pouvez penser si je l’ai questionné ; quand je songeois qu’il n’y avoit que huit jours qu’il vous avoit vue, il me paroissoit un homme tout autrement estimable que les autres : il dit que vous n’étiez pas si bien quand il est parti que vous étiez cet hiver. Il m’a parlé de vos soupers, qu’il trouvoit très-bons, de vos divertissements, de l’honnêteté de M. de Grignan et de la vôtre, du bon effet que Mlles de Grignan faisoient pour soutenir les plaisirs, pendant que vous vous reposiez. Il dit des merveilles de Pauline et du petit marquis. Jamais je n’eusse fini la conversation la première ; mais il vouloit aller à Saint-Germain, car il m’a vue avant le Roi son maître. Son grand-père a eu la charge[4] qu’a eue le maréchal de Bellefonds : il étoit très-intime ami de mon père, et au lieu d’aller chercher des parents, comme on a coutume de

  1. 3. C’est la pensée exprimée par Corneille dans ce vers de Sertorius (acte I, scène iii}) :
    Et le feu mal éteint est bientôt rallumé.
  2. 4. Ce qui suit le mot présentement est remplacé dans l’édition de 1754 par cette phrase : « M. de Grignan n’aura-t-il point de pouvoir dans cette occasion ? et n’est-il point en peine de l’état où vous êtes ? »
  3. 5. Voyez la Notice, p. 17, note 4, et p. 317.
  4. 6. De premier maître d’hôtel du Roi. (Note de Perrin.)