Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/324

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1680 injuste[1] ; et peut-on trop haïr les abîmes qui vous font avoir de telles nonchalances pour ce qui vous regarde ? Vous vous comptez pour rien, quand tant d’autres vous comptent pour tout, et que personne ici ne vaut ce que vous valez tous deux.

Adieu : rien ne me peut distraire de penser à vous ; j’y rapporte toutes choses, et si vous aviez autant d’amitié pour moi, vous seriez encore plus attentive à votre santé que vous ne l’êtes. La mienne est très-bonne ; du Chesne m’a dit d’aller toujours dans le carême jusqu’à l’ombre de la moindre incommodité. Il croit que l’eau de lin tous les matins, du thé l’après-dînée, et du régime dans le choix des viandes, me conduiront jusqu’au bout. À tout hasard j’ai une permission, dont je me servirai sans aucun scrupule ; n’en soyez point en peine : fiez-vous à moi.

N’admirez-vous point que Dieu m’a ôté encore cet amusement de parler de vos intérêts avec M. de la Rochefoucauld ? il en paroissoit occupé[2] fort obligeamment. De sorte qu’ayant aussi perdu M. de Pompone, je n’ai pas[3] le plaisir de croire que je puisse jamais vous être bonne à rien du tout.

Je n’ai jamais tant vu de choses extraordinaires depuis[4] que vous êtes partie. J’ai su que le jeune évêque d’Évreux est le favori du vieux, et qu’il[5] a écrit au Roi

  1. 35. Tout ce qui suit le mot injuste, jusqu’à la fin de l’alinéa, ne se lit, ainsi que tout l’alinéa suivant, que dans notre manuscrit.
  2. 36. « Qui en paroissoit occupé. » (Édition de 1737.) — « Qui s’en oecupoit. » (Édition de 1754.)
  3. 37. « Je n’ai plus. » (Édition de 1737.)
  4. 38. Tel est le texte de notre manuscrit ; dans les deux éditions de Perrin : « de choses extraordinaires qu’il s’en est passé depuis, etc. »
  5. 39. « Savez-vous que le jeune évêque d’Évreux… et que ce dernier, etc. » (Édition de 1737.) — « J’apprends que le jeune évêque d’Évreux… et que ce dernier, etc. » (Édition de 1754.) Tout ce