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1680 core quelque temps aux dépens de notre rate, qui est toute pleine de tristesse.

Voilà en quel temps sont arrivées vos jolies petites lettres, et votre billet, et une autre lettre encore pour réponse à la première de M. de Marsillac. Voilà leur destinée : jusques ici elles n’ont été admirées que de moi, et de Mme de Coulanges, qui trouva les petites d’Arnoton[1] fort plaisantes et la scène fort galante. M. de Grignan écrit en perfection. Quand le chevalier arrivera, je lui donnerai[2] ; il trouvera peut-être un temps propre après les douleurs pour dire : « Les voilà[3]. » En attendant, il faut en écrire une de douleur[4]. Il met en honneur toute la tendresse des enfants, et fait voir que vous n’êtes pas seule ; mais, en vérité, vous ne serez guère imités[5]. Toute cette tristesse m’a réveillée, et représenté[6] l’horreur des séparations. J’en ai le cœur serré[7], et plus que

  1. 9. Il y eut un maître des requêtes de ce nom, plusieurs fois chargé de commissions importantes ; il acquit, probablement en 1685, du marquis de Richelieu, la terre de Pont-l’Abbé, terre qui disputait à celle de Pont-Château (appartenant aux Coislin) la dignité de l’une des neuf baronnies de Bretagne : voyez la Correspondance administrative sous Louis XIV, tome I, p. 462, et le Journal de Dangeau, tomes I, p. 154 et 155 ; II, p. 158 ; VII, p. 342. — Dangeau (tome IX, p. 251) parle de Mlle d’Arnoton, fille du maître des requêtes.
  2. 10. Notre manuscrit porte : « je les y donnerai. »
  3. 11. Tout ce passage est abrégé ainsi dans les deux éditions de Perrin (1737 et 1754) : « Voilà en quel temps sont arrivées vos jolies petites lettres, qui n’ont été admirées jusqu’ici que de Mme de Coulanges et de moi ; quand le chevalier sera arrivé (dans 1754 : sera de retour), il trouvera peut-être (le texte de 1737 ajoute : après les douleurs) un temps propre pour les donner. »
  4. 12. « Il en faut écrire une de douleur à M. de Marsillac. » (Éditions de 1737 et de 1754.)
  5. 13. Dans notre manuscrit, on lit imitée.
  6. 14. Dans les deux éditions de Perrin : « elle me représente. »
  7. 15. Tout ce qui suit les mots : « J’en ai le cœur serré, » jusqu’à la reprise du « Mercredi 20e mars, » n’est que dans notre manuscrit.