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1680 Mais sur cela même, il faut obéir et se soumettre à la Providence : elle fait assez voir en mille rencontres, si l’on se donne le loisir de la regarder, qu’elle est la maîtresse de tout.

Je crois que Madame la Dauphine[1] nous apporte ici beaucoup de dévotion ; mais malgré qu’elle en ait, il faudra qu’elle retranche les angelus[2] : vous représentez-vous qu’on l’entende sonner à Saint-Germain ? Bon à Munich[3]. Elle voulut[4] se confesser la veille de la dernière cérémonie de son mariage ; elle ne trouva point de jésuite qui entendît l’allemand, ils n’entendent que le françois : le P. de la Chaise y fut attrapé ; il croyoit avoir mené son fait. Ce fut un embarras où l’on donnera ordre promptement[5], car cette princesse ne cède point à la

  1. 37. « Je crois que cette princesse. » (Éditions de 1737 et de 1754.)
  2. 38. Dans l’édition de 1754 : « l'angelus, » et un peu après : « qu’elle l’entende sonner. »
  3. 39. La cour de Munich était à cette époque d’une régularité qui n’a jamais été d’usage en France que dans les maisons religieuses. Coulanges, pendant qu’il était conseiller au parlement de Metz, et avant d’être reçu à celui de Paris, fit en 1657 un voyage en Allemagne et en Italie, dans la relation duquel, publiée par extraits en tête du volume intitulé Mémoires de Coulanges, il parle en ces termes (p. 11 et 12) de la cour de l’électrice de Bavière, mère de la Dauphine : « Il n’est point de cloître où l’on vive plus régulièrement et avec plus de sévérité que dans cette cour ; on s’y lève tous les jours à six heures du matin ; on y entend la messe à neuf ; on dîne à dix ou dix et demie ; on est une heure et demie à table ; on assiste à vêpres tous les jours ; il n’y a plus personne au palais à six heures du soir, hors quelques domestiques nécessaires ; on soupe à cette même heure ; on se couche à neuf ou dix au plus tard ; et par-dessus tout, ils ont tous les avents un Rorate qui finit seulement à Noël et où il faut se trouver dès les sept heures du matin. »
  4. 40. « Elle vouloit. » (Édition de 17S4.)
  5. 41. « On y mettra ordre. » (Ibidem.) — On lit dans les Mémoires de Mademoiselle (tome IV, p. 409 et 410) : « Elle voulut se confesser comme on l’alloit marier : la première cérémonie avoit été faite à Munich. On fut fort embarrassé, car il n’y avoit personne qui