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1680 fortune, quand on a des raisons d’y prétendre, et qu’elle commence à nous montrer un visage plus doux. Voilà, ma très-chère, mes pensées[1] et celles de vos amis ; ne les rebutez pas, et croyez que si vous en aviez de contraires, vous ne seriez plus en droit de vous moquer de mon fils[2]. Je vous laisse digérer ces réflexions, et je vous prie tous deux de vous mirer, et de voir si vous êtes de la vieille cour.

À propos de cour, je vous envoie des relations[3]. Madame la Dauphine est l’objet de l’admiration[4] ; le Roi avoit[5] une impatience extrême de savoir comme elle étoit faite : il envoya Sanguin, comme un homme vrai et qui ne sait point flatter[6] : « Sire, dit-il, sauvez le premier coup d’œil, et vous en serez fort content. » Cela est dit à merveilles ; car il y a quelque chose à son nez et à son front, qui est trop long, à proportion du reste : cela fait un mauvais effet d’abord[7] ; mais on dit qu’elle a si bonne grâce, de si beaux bras, de si belles mains, une si belle taille[8], une si belle gorge, de si belles dents, de

    tions de Perrin, qui donnent seulement : « car enfin on ne quitte point, etc. »

  1. 24. « Voilà, ma très-chère, quelles sont mes pensées. » (Éditions de 1737 et de 1754.)
  2. 25. « Des desseins de mon fils. » (Édition de 1737.) — « De celles de mon fils. » (Édition de 1754.)
  3. 26. Dans l’édition de Rouen (1726), où la lettre commence seulement ici, il y a simplement Je vous envoie des relations ; » et dans celle de la Haye (1726), qui commence également ici : « Je vous envoie des relations de la cour. »
  4. 27. Ce membre de phrase, qui se trouve dans tous les textes imprimés, manque dans notre manuscrit.
  5. 28. « Ayant. » (Édition de Rouen, 1726.)
  6. 29. « Qui est un homme vrai et incapable de flatter. » (Éditions de 1737 et de 1754.)
  7. 30. « Et qui fait d’abord un mauvais effet. » (Édition de 1754.)
  8. 31. Les mots une si belle taille manquent —dans les impressions de la Haye et de Rouen (1726).