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1680 vous êtes jalouse sans le savoir, et M. de Grignan amoureux sans le croire : voilà un fort bon secrétaire. Je vous conjure de n’être pas plus fâchée des desseins de votre frère que des passions de votre mari. Il[1] se défend fort de vouloir être Breton ; il est tout à fait fin ; nous sommes fort bien ensemble. Ma bonne, laissons faire la Providence ; je serois bien fâchée de n’avoir pas pris ce parti.

On me dit de bon lieu en partant de Paris qu’il y avoit eu[2] un bal à Villers-Cotterets ; il y eut des masques. Mlle de Fontanges y parut brillante et parée des mains de Mme de Montespan. Cette dernière dansa très-bien ; Fontanges voulut danser un menuet ; il y avoit longtemps qu’elle n’avoit dansé, il y parut, ses jambes n’arrivèrent pas comme vous savez qu’il faut arriver ; la courante n’alla pas mieux, et enfin elle ne fit plus qu’une révérence. Je vous manderai tantôt ce que j’apprendrai à Paris[3].

Celle[4] de votre chagrin, Monsieur le Comte, étoit donc fausse aussi : je sais vos affaires, vous voulez chanter la

  1. 22. Dans le texte de 1734 : « Votre frère, » et à la ligne suivante : « il est fin tout à fait. » Cette phrase et la suivante manquent dans le texte de 1737.
  2. 23. « J’ai appris de bon lieu qu’il y avoit eu… » (Édition de 1737.) — « On m’a dit de bon lieu qu’il y avoit eu… « (Édition de 1754.) — Voyez ci-dessus, p. 289, note 6. Il est dit dans la Gazette (p. 108) que la Reine, peu de temps après avoir commencé le bal avec Monsieur, sortit pour s’habiller en masque, et rentra dans la salle, suivie du Dauphin, de Monsieur, du prince de Conti, etc.
  3. 24. « Je vous manderai tantôt les nouvelles que j’apprendrai à Paris. » (Édition de la Haye, 1726.)
  4. 25. Cette partie de la lettre qui s’adresse à M. de Grignan et la reprise à Mme de Grignan, jusqu’à : « Il faut que je vous reprenne, etc., » se lisent seulement dans l’édition de la Haye (1726), et y forment la fin de la lettre.