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1680 il m’a semblé que vous auriez aimé cette équipée ; elle m’a paru du même bon goût qui vous fait assortir vos habits et vos rubans ; vous corrigez toujours l’incarnat avec quelque couleur brune : nous avons tempéré le brillant de carême-prenant avec la feuille morte de cette forêt. Il y a fait le plus beau du monde[1] ; les jardins fort propres, la vue belle, et un bruit des oiseaux qui commencent déjà d’annoncer le printemps, qui nous a paru[2] bien plus joli que les vilains cris des rues de Paris. J’ai bien pensé à vous, ma chère bonne : mon Dieu, que je vous aime ! vous m’êtes, ce me semble, encore plus chère[3]. Nous sommes ici, le bon abbé de l’abbaye, Monsieur de Rennes, l’abbé du Pile et M.  de Coulanges ; je voulois Corbinelli ; il est demeuré à Paris pour être à la noce d’un des fils de M.  Mandat[4]. Il eût fort bien tenu sa place ; mais enfin nous sommes loin de nous ennuyer : beaucoup de promenades, de causeries[5] ; des échecs, un trictrac, des cartes en cas de besoin ; les Petites Lettres de Pascal[6], des comédies, la Princesse de Clèves, que je fais lire à ces prêtres, qui en sont ravis ; une très-bonne

  1. 3. « Le plus beau temps du monde. » (Éditions de 1737 et de 1754.)
  2. 4. « Cela nous a paru. » (Édition de 1754.)
  3. 5. « Encore plus chère que jamais. » (Ibidem.) — La phrase tout entière manque dans le texte de 1737.
  4. 6. Le commencement de la phrase n’est pas dans l’édition de la Haye (1726), qui donne simplement : « Corbinelli a été contraint de demeurer à Paris, à son grand regret, pour être à la noce d’un fils de M. de Mandat. » — Alexandre Mandat, maître des comptes, épousa, en mars 1680, Catherine-Antoinette Hérinx, fille de Jean Hérinx et d’Élisabeth-OIivier de Berghuysen. (Note de l’édition de 1818.) Sur son père, voyez ci-dessus, p. 249, note 39.
  5. 7. Ces deux mots manquent dans l’impression de la Haye (1726), et causerie est au singulier dans le texte de 1754.
  6. 8. Ce passage, depuis : des cartes, n’est pas dans le texte de la Haye (1726).