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1680 de sa sagesse. Cela fut charmant, et l’on doit être comblé ; mais croyez-moi que les temps changent. M. de Grignan a de grands et considérables services ; voici l’époque qui doit faire changer la manière de les faire considérer. Il y a douze jours qu’ils étoient tous deux bien loin de rien espérer : voyez ce qui leur est venu, quel évêché ! et neuf mille livres de rente à Joseph[1].

J’ai à vous reprendre une fausse nouvelle, que Mme de Coulanges croyoit vraie : c’est la séparation de Mme de Maintenon d’avec les autres, pour aller au-devant[2] ; quelle folie ! cela n’est point vrai, et on le disoit pourtant en des lieux très-bons[3]. Je vous retire encore les vacances de la chambre de l’Arsenal[4] ; ils se sont remis à travailler au bout de quatre jours : cela me désespère, de vous tromper, et de vous faire raisonner à faux.

M. de la Rochefoucauld nous conta hier qu’à Bruxelles la comtesse de Soissons avoit été contrainte de sortir doucement de l’église, et que l’on avoit fait une danse de chats liés ensemble, ou pour mieux dire, une criaillerie et un sabbat si épouvantable par malice[5], qu’ayant cru en même temps que c’étoient des diables et des sorciers qui la suivoient, elle avoit été obligée, comme je vous dis, de quitter la place, pour laisser passer cette folie, qui ne vient pas d’une trop bonne disposition des peuples. On ne dit rien de M. de Luxembourg. Cette Voisin ne nous a rien produit de nouveau : elle a donné gentiment son

  1. 5. Six mille livres comme menin du Dauphin (voyez la Gazette du 24 février, où il est dit : « deux mille écus »), et trois mille livres de pension sur l’évêché de son frère.
  2. 6. Voyez la lettre du 14 février précédent, p. 263.
  3. 7. « En de très-bons lieux. » (Édition de 1754.)
  4. 8. Voyez ci-dessus, p. 247.
  5. 9. « Une criaillerie par malice, et un sabbat si épouvantable. » (Édition de 1754.) — Immédiatement après, les deux éditions de Perrin portent crié, au lieu de cru.