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1680 point mercredi, comme je vous l’avois mandé, qu’elle fut brûlée, ce ne fut qu’hier. Elle savoit son arrêt dès lundi, chose fort extraordinaire. Le soir elle dit à ses gardes : « Quoi ? nous ne ferons point médianoche[1] ! » Elle mangea avec eux à minuit, par fantaisie, car il n’étoit point jour maigre ; elle but beaucoup de vin, elle chanta vingt chansons à boire. Le mardi elle eut la question ordinaire, extraordinaire[2] ; elle avoit dîné et dormi huit heures ; elle fut confrontée à Mmes[3] de Dreux, le Féron[4] et plusieurs autres, sur le matelas : on ne dit pas encore ce qu’elle a dit[5] ; on croit toujours qu’on verra des choses

    l’impression de 1754 : « Je ne vous parlerai que de la Voisin : ce ne fut point, etc. »

  1. 8. Dans les impressions de la Haye et de Rouen (1726) : media noche, en deux mots ; dans celle de 1737 : mezza notte.
  2. 9. « Et extraordinaire. » (Éditions de la Haye et de Rouen, 1726.) 9. « Et extraordinaire. » (Éditions de la Haye et de Rouen, 1726.)
  3. 10 « A MM. » (Édition de la Haye, 1726.) — « A. M. » (Édition de Rouen, 1726.) « Sur le matelas avec Mmes de D** et le F*. » (Édition de 1737) — « Sur le matelas à Mmes de Dreux et le Féron. » (Édition de 1754.) — Catherine-Françoise Saintot, femme de Philippe de Dreux, sieur de la Judaière, maître des requêtes en 1669, fut accusée d’avoir offert six mille francs à la Voisin, et de lui avoir donné une croix de diamants, pour se défaire de son mari et d’une femme qui était sur le point d’épouser un homme qu’elle aimait. (Confrontation du 28 février 1680.) Elle fut bannie à perpétuité du royaume, avec injonction de garder son ban à peine de la vie, et ses biens confisqués au Roi, par arrêt de la chambre de l’Arsenal du 22 janvier 1682. — Le marquis de Trichâteau écrit à Bussy, le 19 avril 1679, à propos de l’arrestation de la présidente le Féron et de Mme de Dreux : « La dernière est, au poison près, fort de mes amies et une des plus jolies femmes de France. » Voyez la lettre du 1er mai suivant.
  4. 11. Marguerite Gallard, veuve du président le Féron, était accusée d’avoir empoisonné son mari. On lit dans la confrontation du 28 février qu’elle avait fait prendre au président pour cent pistoles de poudre de diamant. (Note de l’édition de 1818.)
  5. 12. « On ne parle point encore de ce qu’elle a dit. » (Édition de 1754.)