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1680 tesse[1], disant : « Nous ne voulons point de ces empoisonneuses. » Voilà comme cela se tourne ; et désormais un François dans les pays étrangers voudra dire un empoisonneur[2]. On croit que Madame la Comtesse ira à Hambourg. Le marquis d’Alluye est allé Ia trouver, et n’est point allé à Amboise comme on disoit[3].

On a nommé huit ou dix hommes de la cour, avec six mille francs de pension, pour être assidus auprès de Monsieur le Dauphin : ce sont ses dames du palais[4] ; il y en aura tous les jours deux qui le suivront. Le chevalier vous mandera quels ils sont : il me semble que j’ai entendu nommer MM.[5] de Chiverni[6], de Dangeau, de

  1. 16. De Soissons.
  2. 17. « C’est ainsi que cela se tourne ; et désormais un François dans les pays étrangers, et un empoisonneur, ce sera la même chose. » (Édition de 1754.)
  3. 18. Cette phrase manque dans le texte de 1737.
  4. 19. Ce membre de phrase a été retranché par Perrin dans sa deuxième édition (1754).
  5. 20. « Vous mandera leurs noms : il me semble qué j’ai entendu parler de MM., etc. » (Édition de 1754.) Ils furent appelés menins. « Ce nom avait été emprunté à l’Espagne, où l’on appelle meninos de jeunes nobles élevés avec les princes. » (Dictionnaire des Institutions de la France, par M. Chéruel.)
  6. 21. Louis de Clermont, marquis de Montglas, comte de Chiverni (ou Cheverni), né en 1645, menin du Dauphin, envoyé extraordinaire à Vienne et ambassadeur en Danemark, membre du conseil des affaires étrangères en 1715, conseiller d’État d’épée en 1719, mort le 16 mai 1722, à l’âge de soixante-dix-sept ans. Il était fils aîné du marquis de Montglas, l’auteur des Mémoires, et de Mme de Montglas, dont il a été déjà si souvent question. Il épousa au mois de juin suivant (voyez plus loin la lettre du 15 juin) une nièce de Mme Colbert, Marie Johanne, fille du marquis de Saumery, dont il n’eut pas d’enfants, et qui mourut à soixante-quinze ans, en 1727. « C’étoit, dit Saint-Simon (tome II, p. 331), un homme qui présentoit plus d’esprit, de morale, de sens et de sentiments qu’il n’en avoit en effet ; beaucoup de lecture, peu ou point de service, une conversation agréable et fournie, beaucoup de politique, d’envie de plaire et de crainte de