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place fût donnée, et lui a nommé de petits abbés, dont les noms n’ont pas plu à Sa Majesté. Le Roi lui a répondu qu’il ne se mît point en peine, qu’il envoyât sa démission pure et simple, et qu’il lui choisiroit un homme dont il seroit content. Cet homme-là, c’est votre beau-frère. Voici les conditions : il faudra donner à ce vieux évêque une pension de cinq ou six mille francs, pour achever sa vie ; après quoi le Roi met une pension de mille écus sur ce bénéfice pour le chevalier de Grignan : voilà un souvenir qui est obligeant, en attendant mieux. Le chevalier est bien persuadé qu’il fera vivre le vieillard neuf cents ans, comme autrefois. Il trouva ici son frère, et ils partirent tous deux[1] pour Saint-Germain, où ils sont encore. Je ne doute pas que les remerciements[2] n’aient été bien reçus, et qu’à leur retour ce ne soit plus que de la manière dont ils soient charmés[3]. Pour moi, j’avoue que je suis grossière, et que j’aime extrêmement la chose. Ils vous manderont tout ceci beaucoup mieux que moi ; mais j’y prends tant d’intérêt, que je n’ai pu m’empêcher de me jeter dans les détails : cela est naturel.

Je prendrai cet été pour aller faire peut-être un dernier voyage en Bretagne : le bon abbé le croit nécessaire, et n’a pas dessein d’y retourner de sa vie ; mais vous jugez bien que je reviendrai pour vous recevoir. Le petit Coulanges est ravi de votre réponse ; et comme il n’a point d’aversion naturelle pour vous, comme j’en ai, il sera assez heureux pour passer l’été avec vous. Vous dites qu’il est cruel de pouvoir attendre tous vos amis à Grignan, hormis moi : ma fille, je le trouve encore plus cruel que

  1. 5. « Les deux frères se trouvèrent ici, et partirent ensemble… » (Édition de 1754.)
  2. 6. « Leurs remerciements. » (Ibidem.)
  3. 7. « Et qu’à leur retour ils ne soient plus charmés que de la manière, » (Ibidem.)