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1680 sixième place à quelque Allemande[1], si Madame la Dauphine en veut amener. Le Roi caresse et traite si tendrement Mme la princesse de Conti, que cela fait plaisir : quand elle entre[2], il la baise et l’embrasse, et cause avec elle ; il ne contraint plus l’inclination qu’il a pour elle ; c’est sa vraie fille, il ne l’appelle[3] plus autrement : tirez toutes vos conséquences.

Elle est toujours des grâces le modèle[4],
et croît beaucoup : elle n’est point surintendante[5]et n’a

    outrance, d’un maintien composé, et à qui il ne manquoit que la baguette pour être une parfaite fée. Sans aucun esprit, elle avoit tellement captivé Mme de Maintenon qu’elle ne voyoit que par ses yeux, et ses yeux ne voyoient jamais que des apparences et la laissoient la dupe de tout. Elle étoit pourtant la surveillante de toutes les femmes de la cour, et de son témoignage dépendoient les distinctions ou les dégoûts, et souvent par enchaînement les fortunes. Tout, jusqu’aux ministres, jusqu’aux filles du Roi, trembloit devant elle ; on ne l’approchoit que difficilement ; un sourire d’elle étoit une faveur qui se comptoit pour beaucoup. Le Roi avoit pour elle une considération la plus marquée. Elle étoit de tous les voyages et toujours avec Mme de Maintenon. » Voyez aussi la lettre de Bussy du 19 novembre 1687.

  1. 15. Mlle de Löwenstein, qui prit possession de sa charge le 10 juin 1684. Voyez Mme de Caylus, tome LXVI, p. 425.
  2. 16. « Quand elle arrive. » (Édition de 1754.) — Deux lignes plus haut, et traite manque dans l’édition de la Haye (1726).
  3. 17. « On ne l’appelle. » (Édition de la Haye, 1726.)
  4. 18. Mme de Sévigné ne pouvait mieux louer les grâces et l’amabilité de la jolie princesse de Conti qu’en lui faisant l’application des vers que la Fontaine avait adressés à Mlle de Sévigné, en lui dédiant la fable du Lion amoureux (livre IV, fable 1) :
    Sévigné, de qui les attraits
    Servent aux Grâces de modèle,
    Et qui naquîtes toute belle,
    A votre indifférence près, etc.

    (Note de l’édition de 1818.) — Voyez la Notice, p. 100.

  5. 19. Tel est le texte des deux éditions de Perrin, qui dans sa se-