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1680 Comtesse[1]. Mmes de Bouillon et de Tingry furent interrogées lundi à cette chambre de l’Arsenal. Leurs nobles familles les accompagnèrent jusqu’à la porte ; il n’y paroît pas jusqu’ici qu’il y ait rien de noir à leurs sottises[2] ; il n’y a pas même du gris brun. Si on ne trouve rien de plus, voilà de grands scandales qu’on auroit pu épargner à des personnes de cette qualité. Le maréchal de Villeroi dit que ces messieurs et ces dames ne croient pas en Dieu, et qu’ils croient au diable. Vraiment on conte des sottises ridicules de tout ce qui se passoit chez des coquines de femmes[3]. La maréchale de la Ferté, qui est si bien nommée, alla par complaisance[4] avec Madame la Comtesse, et ne monta point en haut[5] ; Monsieur de Langres[6] étoit avec elle ; voilà qui est bien noir : cette


    1679, que le marquis de Cessac lui avait demandé anciennement un secret pour gagner au jeu du Roi ; que, sur son refus, il se réduisit à solliciter des secrets pour jouer avec le public et avec le roi d’Angleterre. Le Sage ajoute qu’il lui demanda aussi les moyens de se défaire du comte de Clermont, son frère, et d’entretenir sa belle-sœur dans les dispositions favorables qu’elle lui témoignait. Ce misérable entre ensuite dans le détail des absurdités superstitieuses à l’aide desquelles il amusait la crédulité du marquis, et tirait de lui des sommes considérables. La fuite du marquis de Cessac donne quelque poids à ces accusations ; il rentra en France dix ans après, et un arrêt du conseil d’État, du 26 août i691, le renvoya devant la chambre saisie de l’affaire de la marine de Bourgogne, pour y purger sa contumace. Il paraît que l’arrêt lui fut favorable, car, entré à la Bastille le 4 septembre 1691, il fut mis en liberté le 25 juillet 1692. (Note de l’édition de 1818.) — Voyez tome II, p. 113, note 4.

  1. 8. La comtesse de Soissons.
  2. 9. « Il ne paroît pas jusqu’ici qu’il y ait rien de noir aux sottises qu’on leur impute. » {Édition de 1754.)
  3. 10. « Des choses ridicules de tout ce qui se passoit chez ces abominables femmes. » (Ibidem.)
  4. 11. Chez la Voisin.
  5. 12. « Et ne monta point. » (Édition de 1754.)
  6. 13. Louis-Marie-Armand de Simiane de Gordes, évêque de Langres de 1674 à 1695.