Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/230

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


fait ; c’est le malheur de M. de Luxembourg qui est un malheur[1] : il doit se trouver bien heureux par comparaison. Il me serre toujours le cœur, quand il me demande si je ne sais point de nouvelles ; il est ignorant comme sur les bords de Marne : il a raison de calmer son âme tant qu’il pourra. La mienne a été fort émue, aussi bien que celle de l’abbé, de ce que vous écrivez de votre main : vous ne l’avez pas senti, ma chère enfant ; il est impossible de le lire avec des yeux secs. Eh, bon Dieu ! vous compter bonne à rien et inutile partout à quelqu’un qui ne compte que vous dans le monde : comprenez, ma chère enfant, l’effet que cela peut faire. Je vous prie de ne plus dire de mal de votre humeur : votre cœur et votre âme sont trop parfaits pour laisser voir ces légères ombres ; épargnez un peu la vérité, la justice, et mon seul et sensible goût ; ma chère enfant, je ne compterai point ma vie que je ne me retrouve avec vous.


1680

*776. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE DE GUITAUT.

À Paris, ce mardi 29e janvier[2].

Jamais deux louis d’or[3] ne sont arrivés plus sûrement ni plus heureusement que les deux du gendarme qui est à Ypres. Donnez-moi des affaires plus difficiles, afin de

  1. 55. Ce membre de phrase et le suivant ne se lisent que dans notre manuscrit.
  2. Lettre 776 (revue sur l’autographe). — 1. Mme de Sévigné s’est trompée sur le jour ou sur le chiffre de la date ; en 1680, le 29 janvier était un lundi.
  3. 2. Envoyés par le comte de Guitaut, ou par l’un de ses paysans, à quelque gendarme de la compagnie que commandaient la Trousse et Charles de Sévigné ?