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jours, c’est-à-dire qu’on lui va faire son procès par contumace. Le Roi dit à Mme de Carignan[1] : « Madame, j’ai bien voulu que Madame la Comtesse se soit sauvée ; peut-être en rendrai-je un jour compte à Dieu et à mes peuples. » Et pour son appartement[2], que Mme de Carignan demandoit, le Roi lui dit qu’il en avoit disposé[3].


1680

775. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, mercredi 26e janvier 1680.

Je veux commencer, ma très-chère, par votre santé ; c’est ce qui me tient uniquement au cœur. C’est sans préjudice de cette continuelle pensée que je vois, que

    délaissée, et dans de grands scrupules sur ses vœux, et d’avoir changé son voile contre un tabouret. »

  1. 59. Marie de Bourbon, fille de Charles comte de Soissons, avait épousé le 10 octobre 1624 Thomas-François de Savoie, prince de Carignan, cinquième fils du duc Charles-Emmanuel Ier, dont elle resta veuve le 22 janvier 1656. Elle mourut le 4 juin 1692, à quatre-vingt-sept ans. Elle était belle-mère de la comtesse de Soissons.
  2. 60. La comtesse de Soissons avait conservé aux Tuileries, dans l’un des pavillons, au premier étage, l’appartement de la surintendante de la maison de la Reine : elle avait cependant cessé d’exercer cette charge au mois d’avril 1679. Le Roi l’avait fait prier de s’en démettre entre ses mains ; la Reine joignit sa prière à celle du Roi, et la comtesse donna son consentement en recevant deux cent mille écus (voyez la Correspondance de Bussy tome IV, p. 344 et 345). Le Roi voulait donner cette charge à Mme de Montespan, et voici quel était le motif de cette libéralité pour une maîtresse dont la faveur commençait à décliner : M. de Montespan ne voulant rien recevoir, on ne pouvait le faire duc et donner à sa femme le tabouret des duchesses ; on supposa que la charge de surintendante emportait ce droit avec elle. Voyez Saint-Simon, tome VI, p. 442. (Note de l’édition de 1818.)
  3. 61. « Il répondit qu’il y avoit pourvu. » (Édition de 1754.)