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Si l’extrémité de l’Empereur[1] et de don Juan[2] vous pouvoit satisfaire, on assure qu’ils n’en reviendront pas.

Une reine qui porteroit une tête en Espagne, trouveroit une belle conjoncture pour se faire valoir[3]. On dit qu’elle pleura excessivement en disant adieu au Roi, et que sur le mot d’un adieu pour jamais, ils retournèrent deux ou trois fois aux embrassades et au redoublement des sanglots : c’est une horrible chose que les séparations.


1679

*735. DE MADAME-DE SÉVIGNÉ AU COMTE ET À LA COMTESSE DE GUITAUT.

À Livry, 26e septembre.

Madame de Grignan se porte à merveilles : voilà un très-beau commencement de lettre, avec tous les détails de votre entrevue, contés d’une manière qui me plaît fort ; car j’aime premièrement votre style, et puis j’aime les

  1. 18. Léopold-Ignace (Léopold Ier), empereur, ne mourut que le 5 mai 1705. (Note de Perrin.) — Nous lisons dans la Gazette (p. 487) que la peste était alors à Vienne mais il n’est pas question, dans les numéros de septembre ni d’octobre, d’une maladie de l’empereur Léopold. Il s’était rendu à Prague, et l’on écrit de Vienne, le 23 septembre (le lendemain de la date de notre lettre), qu’il doit aller à Egra, pour y faire la revue générale de ses troupes.
  2. 19. Don Juan d’Autriche, fils naturel de Philippe IV, roi d’Espagne (et d’une comédienne nommée Marie Calderona), mourut le 17 septembre 1679. (Note de Perrin.) — La Gazette, dans son numéro du 30 septembre, rapporte qu’à la date du 7 ce prince se trouva si mal que les médecins lui conseillèrent de se préparer à la mort, et que le lendemain il reçut le viatique et fit son testament. Don Juan d’Autriche était né en 1629. Il avait été reconnu fils du Roi en 1642, et son frère, le roi Charles II, l’avait fait son premier ministre en 1677.
  3. 20. Cette phrase ne se trouve pas dans l’édition de 1734, qui commence ainsi la suivante « On dit que la reine d’Espagne, etc. »