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1680 Nous y passâmes hier, le petit Coulanges et moi : on attend qu’elle expire ; elle est mal pleurée ; le père et le mari voudroient qu’elle fût déjà sous terre. Il n’y a pas deux opinions sur la cause de sa mort[1]. Mme de Frontenac en est toute honteuse[2] aussi bien que tout le sexe, qui devroit déchirer Caderousse comme Orphée. Je ne ferai jamais mon héros d’un si malhonnête homme[3] ; j’ai le même chagrin contre lui, que Mme de Coulanges contre la Fare[4] : elle ne le salue plus, et dit qu’il l’a trompée[5]. Il n’y a qu’elle qui se plaigne ; la Sablière a pris son parti en jolie et spirituelle personne[6]. Ce n’est pas pour le même sujet que je hais Caderousse, comme vous voyez ; car même il ne m’a pas trompée[7].


    perdu la veille, dit, avec un air dédaigneux qu’on dit qu’il a, à quelqu’un qui lui demandoit ce qu’il venoit faire là, n’ayant pas un quart d’écu, que les gens comme lui ne manquoient jamais de ressource, et que la bonne femme Bertillac n’avoit plus ni bagues ni joyaux. À la vérité, il ne voyoit pas que Mme de Bertillac étoit dans l’alcôve de la chambre avec la maîtresse du logis. Vous pouvez vous imaginer ce que put penser une femme passionnée qui se voit traiter de la sorte. Elle tomba en défaillance, et comme elle fut revenue, on la porta dans son carrosse, et de là dans son lit, où elle est morte quatre jours après. »

  1. 48. « Sur cette belle cause de sa mort. » (Édition de 1754.)
  2. 49. « En paroît honteuse. » (Ibidem.)
  3. 50. « Je ne ferai jamais mon héros d’un tel homme. » (Édition de Rouen, 1726.) — « Je n’en ferai jamais mon héros. » (Éditions de 1734 et de 1754.)
  4. 51. Voyez plus haut, p. 108, et la note 38.
  5. 52. La fin de cette phrase n’est pas dans l’édition de Rouen (1726), non plus que la phrase suivante.
  6. 53. Voyez la lettre du 14 juillet suivant.
  7. 54. La lettre finit à ces mots dans le texte de 1734. Les éditions de Rouen et de la Haye qui n’ont pas non plus le post-scriptum daté du mercredi, à dix heures du soir, ajoutent ici un alinéa qui forme la fin de la lettre du 8 avril 1676 (tome IV, p. 400). — Le premier paragraphe du post-scriptum n’est que dans l’impression de 1754.