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Vins ira bientôt à Saint-Germain ; Mme de Richelieu l’a souhaité ; je la plains : ce voyage sera triste pour elle ; je ne m’accoutume point à cette disgrâce.

Mon fils ne m’écrit point, il n’est pas encore revenu à Nantes : j’avois jusqu’ici tout mis sur mon compte, en disant qu’il achevoit mes affaires[1] ; mais je commence à succomber aux reproches amers de M. de la Trousse, qui me dit que je devrois donc lui faire vendre sa charge pour vaquer à celle de mon intendant. Je suis persuadée que mon fils reviendra lorsque j’y penserai le moins, et qu’au bout de huit jours il n’y paroîtra plus. Les dames de Madame la Dauphine et sa maison partent jeudi 25e pour Sélestat[2]. Le chevalier a été à la noce ; il ne tiendra qu’à lui de vous faire de beaux récits. La belle Fontanges n’y parut point ; on dit qu’elle est triste de la mort d’une petite personne[3]. Adieu, ma très-belle et très-aimable : j’embrasse vos enfants et les miens, et ceux de M. de Grignan.


1680

774. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, mercredi 24e janvier.

Voilà une bouffée de mal qui dure longtemps, ma chère fille, et que je comprends qui doit être bien triste

  1. 6. Voyez la lettre du 12 janvier précédent, p. 188.
  2. 7. « Le 25e de ce mois, les principaux officiers de la maison de Madame la Dauphine partirent d’ici pour aller au-devant d’elle jusqu’à Schlestat. Le Roi y a envoyé en même temps cent gardes du corps… et plusieurs officiers de sa maison, conduits par le sieur de Rieux, maître d’hôtel ordinaire. » (Gazette du 27 janvier.)
  3. 8. Mlle de Fontanges avait perdu l’enfant dont elle venait d’accoucher.