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les trois jours. Mais j’oubliois le meilleur, c’est que l’épée de Monsieur le Prince étoit garnie de diamants.

                       La famosa spada,
Al cui valore ogni vittoria è certa[1].



La doublure du manteau du prince de Conti étoit d’un satin noir, piqué de diamants comme de la moucheture. La princesse étoit romanesquement belle, et parée, et contente :

Qu’il est doux de trouver dans un amant qu’on aime
Un époux que l’on doit aimer[2] !



Je n’en sais pas davantage ; je vous dirai ce que j’apprendrai ce soir. Je vous conseille de faire lire les gazettes, elles sont très-bien faites[3]

M. Courtin[4] revient de Saint-Germain ; il a tout vu : c’étoit le soleil à midi qui éclaira le mariage ; la lune a

  1. 42. « La fameuse épée à la vaillance de laquelle toute victoire est assurée. » Ce passage du Tasse a déjà été cité, moins exactement, au tome IV, p. 549.
  2. 43. Ce sont deux vers de l’acte Ier, scène ii, de l’opéra de Bellérophon, représenté par l’Académie royale de musique en 1679. La musique est de Lully ; les paroles, attribuées à Th. Corneille, furent revendiquées plus tard par son neveu Fontenelle.
  3. 44. Voyez la Gazette du 20 janvier, p. 33-35 ; et le Mercure galant, janvier, 2e partie, p. 1-88.
  4. 45. Honoré Courtin, dont nous avons donné (tome IV, p. 458, note 21) un portrait emprunté à Saint-Simon, mais que nous avons malheureusement confondu avec un Antoine de Courtin (le seul que donne Moréri), probablement de la même famille, qui mourut en 1685, et dont Mme de Sévigné ne parle point ; c’est à ce dernier que se rapporte tout ce qui, dans notre première note, précède la citation de Saint-Simon (sauf cependant la mention de deux missions, au congrès de Cologne et en Angleterre, qui furent en effet remplies par Honoré). Honoré Courtin eut deux fils : celui dont il est question dans les lettres des 25 et 29 octobre 1688 et qui mourut de ses blessures, et l’abbé François Courtin, dont on a quelques pièces de vers, insérées dans les poésies de Chaulieu. Il eut aussi deux filles : la première épousa le président de Rochefort de Rennes ; la seconde