Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/205

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1680 Dauphine : M. de Richelieu, chevalier d’honneur ; M. le maréchal de Bellefonds, premier écuyer ; M. de Saint-Géran, rien[1]. Vous m’avouerez que cela est plaisant. Enfin cette folie est passée jusqu’en Hollande. Mon fils est toujours les délices de Quimper ; j’espère[2] pourtant qu’il est présentement à Nantes, et qu’il sera ici à la fin du mois ; je l’ai mieux élevé que vous, comme vous voyez[3] ; j’espère que dans quinze jours il n’y paraîtra pas, et qu’il sera prêt à partir avec les autres. Je lui ferai vos amitiés[4]. N’écrivez point, et gardez-vous bien de répondre à toutes ces causeries : hélas ! ma chère enfant, dans trois semaines, je ne m’en souviendrai plus moi-même[5]. Si la santé de Montgobert peut s’accommoder à écrire pour vous, elle vous soulagera entièrement, sans même que vous ayez la peine de dicter : elle écrit comme nous.

J’approuve fort que vous soupiez ; cela vaut mieux que douze cuillerées de lait. Hélas ! ma fille, je change à toute heure ; je ne sais ce que je veux : c’est que je voudrois que vous pussiez retrouver de la santé ; il me faut pardonner, si je cours à tout ce que je crois de meilleur ; et c’est toujours sous le nom de bien et de mieux que je change d’avis. Vous n’en devez point changer[6] sur la bonne opinion que vous devez avoir de vous, malgré les procédés désobligeants de la fortune. En vérité, si elle vouloit, M. et Mme de Grignan tiendroient fort bien leur place à la cour ; vous savez où cela est réglé, et l’inutilité du chagrin qu’on ne peut s’empêcher d’en avoir.

  1. 31. Voyez ci-dessus, p. 152, la lettre du 25 décembre précédent.
  2. 32. « Je crois. » (Édition de 1754.)
  3. 33. « Vous voyez bien que je l’ai mieux élevé que vous. » {Ibidem.)
  4. 34. Cette petite phrase n’est que dans l’édition de 1734.
  5. 35. « …à toutes ces causeries, dont je ne me souviendrai plus moi-même dans trois semaines. » (Édition de 1754.)
  6. 36. « Pour vous, ma très-chère, n’en changez point. » (Ibidem.)