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1680 qu’elle se souvienne d’avoir été et de n’être plus gouvernante[1],


Et trouve le chagrin que Monsieur lui prescrit,
Trop digne de mépris pour y prêter l’esprit[2].

Vous rajusterez ces vers, mais quand ils se trouvent en courant au bout de ma plume, il faut qu’ils passent. Je vous trouve une personne tout à fait jalouse, et M. de Grignan tout à fait amoureux. Montgobert me parle d’un bal, où je vois danser fort joliment mon petit marquis. Pauline a-t-elle la même inclination pour la danse que sa sœur d’Adhémar ? Il ne faudroit plus que cet agrément pour la rendre trop aimable : ah ! ma fille, divertissez-vous de cette jolie enfant ; ne la mettez point en lieu d’être gâtée ; j’ai une extrême envie de la voir.

Je m’en vais vous dire une chose plaisante, dont Corbinelli est témoin ; je lui dis lundi matin que j’avois songé toute la nuit d’une Mme de Rus[3] ; que je ne comprenois pas d’où me revenoit cette idée, et que je voulois vous demander des nouvelles de cette sorcière. Là-dessus je reçois votre lettre, et justement vous m’en parlez, comme si vous m’aviez entendue ; ce hasard m’a paru plaisant : me voilà donc instruite de ce que je voulois vous demander ; c’est une étrange histoire que de voir un homme assez amoureux de cette créature pour en perdre

  1. 21. Voyez les lettres du 6 et du 27 décembre précédents, p. 124, note 26, et p. 158.
  2. 22. C’est la parodie de ces deux vers du Pompée de Corneille (acte II, scène ii)

    Et tient la trahison que le Roi leur prescrit
    Trop au-dessous de lui pour y prêter l’esprit.

    Mme de Sévigné cite de nouveau le second de ces vers, et cette fois exactement, dans la lettre du 15 mars suivant, p. 309.

  3. 23. Voyez la fin de la lettre du 17 mai 1676, tome IV, p. 452.