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1680 Il reçoit son argent, et paye ses dettes : ce mouvement renouvelle la tristesse, et fixe son état. Je suis bien assurée que la destinée de Mme de Vins, enveloppée dans la sienne, fait son véritable ennui ; c’est un sentiment fort naturel, et dont elle est bien digne par les sentiments qu’elle a de son côté[1] : je n’ai jamais vu tant de bonnes choses qu’il y en a dans cette maison. Nous parlâmes fort de Mme de Richelieu, qui renouvelle de jambes, et qui n’ayant pas le temps présentement de dormir et de manger, doit craindre[2] la destinée d’une personne qui avoit plus d’esprit qu’elle, et plus accoutumée au bruit ; car avant que Mme de Montausier[3] fût au Louvre, l’hôtel de Rambouillet étoit le Louvre ; ainsi elle ne faisoit que changer d’agitation. On attend à tout moment le nom de la dame d’honneur de Mme la princesse de Conti : il est temps, elle sera mariée mardi.

Votre pigeon[4] n’est point dévoré du desir de faire sa cour ; il est chez Tonquedec, où il se réjouit : je cache tout sous les affaires que nous avons à Nantes ; mais M. de la Trousse me gronde amèrement de lui donner de tels emplois. Il y a bien longtemps qu’ils seroient finis, s’il avoit voulu ; mais enfin il n’y paroîtra pas dans quinze jours. Il faut lui donner une louange[5], c’est que quand il est ici, il y fait assez bien son petit personnage[6] : il plaît, et on le trouve de bonne compagnie.

À propos, le pauvre Pomenars fut taillé avant-hier

  1. 17. « Par ce qu’elle pense de son côté. » (Édition de 1754.)
  2. 18. « …ni de manger, doit craindre enfin. » (Ibidem.)
  3. 19. Julie-Lucie d’Angennes, duchesse de Montausier, fut gouvernante de Monseigneur, et ensuite première dame d’honneur de la Reine. (Note de Perrin.)
  4. 20. « Votre frère. » (Édition de 1754.)
  5. 21. « Il est vrai qu’il n’y paroîtra pas dans quinze jours, et qu’il faut donner à mon fils une louange. » (Ibidem.)
  6. 22. « Son personnage. » (Ibidem.)